Julien Nédélec, Les bruits, 2012
vue de l'exposition Un bruit blanc, Frac des Pays de la Loire, 2012
cl : Aurélien Mole - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Julien Nédélec, Un bruit blanc, Frac des Pays de la Loire, 2012
cl : Aurélien Mole - © Frac des Pays de la Loire
Julien Nédélec, La mort du livre, 2012 (détail)
vue de l'exposition Un bruit blanc, Frac des Pays de la Loire, 2012
cl : Aurélien Mole - © Frac des Pays de la Loire
Julien Nédélec, La mort du livre, 2012 (détail)
vue de l'exposition Un bruit blanc, Frac des Pays de la Loire, 2012
cl : Aurélien Mole - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Julien Nédélec, Un bruit blanc, Frac des Pays de la Loire, 2012
cl : Aurélien Mole - © Frac des Pays de la Loire
Julien Nédélec, Les bruits, 2012 (détail)
vue de l'exposition Un bruit blanc, Frac des Pays de la Loire, 2012
cl : Aurélien Mole - © Frac des Pays de la Loire
Julien Nédélec, Les bruits, 2012
vue de l'exposition Un bruit blanc, Frac des Pays de la Loire, 2012
cl : Aurélien Mole - © Frac des Pays de la Loire
Salle Mario Toran
Le Frac des Pays de la Loire invite l’artiste Julien Nédélec à exposer dans le cadre de son programme d’Instantanés. L’artiste y présente un ensemble de nouvelles œuvres produites spécifiquement à cette occasion. Un bruit blanc, titre de ce nouvel opus donne le ton…
L’intérêt des artistes et des musiciens pour le bruit, tout au long du XXème siècle est inscrit ici en filigrane. « J’ai utilisé les bruits – disait John Cage – Ils n’avaient pas été intellectualisés ; l’oreille pouvait les entendre directement et n’avait pas à passer par quelqu’abstraction à propos d’eux. » Renversant les énoncés d’un John Cage, Julien Nédélec sort des sentiers battus défrichés par ses aînés et arpente son territoire sonore. Le bruit dont il est question ici est blanc. Mais qu’est-ce que cela signifie ? les bruits ne sont-ils pas invisibles ? Probablement, mais nous sommes ici en lieu et place de l’imperceptible, du domaine de l’infra-mince. Un bruit blanc est un souffle à peine audible, une musique si discrète qu’elle pourrait se confondre avec notre propre souffle, un silence sonore.
S’il est des bruits blancs, il en est aussi des roses, de bleus, des gris, ... qui figurent des courbes toutes spécifiques à la manière dont croissent et décroissent les fréquences. L’ensemble intitulé Les bruits transpose ce concept physique de courbe de fréquence avec une belle distance poétique et une habile finesse... comme une manière de réenvisager la sculpture minimale et la peinture abstraite, mais aussi les relations que n’ont eu de cesse d’établir les artistes du XXème siècle, de Kandinsky à Brian Eno en passant par John Cage, quand l’espace, la matière, le signe rencontrent le monde des sons et son immatérielle promesse.
S’ajoutent aux bruits colorés, mots, signes, intervalles et jeux de rythme. Le langage, matière pensée et socle du travail de Julien Nédélec depuis ses premières œuvres, se déploie ici comme une partition. Celle écrite avec tous les derniers mots dans La mort du livre, liste à l’étendue infinie, composée des mots qui concluent les livres de la bibliothèque de Julien Nédélec. Découpé dans la feuille et révélé par sa disparition, chaque mot nous parvient par son contour, et l’inscription de son ombre au mur. Le rythme de la disposition des feuilles semble porter par une structure que l’on devine celle de la bibliothèque de l’artiste. Par cette accumulation, cette liste sans fin, le bruit des mots s’entrechoque et résonne avec celui du papier froissé, volume imposant disposé au sol (1:1). Brouillon démesuré, cette œuvre silencieuse dans l’instant où nous la voyons, fut sonore, d’une sonorité que l’on imagine infinie devant l’ampleur de la tâche : celle de froisser un papier de la taille au sol de la salle d’exposition.
Photographie et peinture murale terminent le parcours. Disposées dans un face à face où le noir triomphe, Le bruit du ciel et Les murs n’ont que des oreilles, posent la même « infidélité » subtile dans le choix de l’échelle. Julien Nédélec campe l’immensité dans un format 60 x 90 (le ciel étoilé) alors qu’un signe d’environ 5 millimètres prend l’espace d’un mur dans sa largeur et sa hauteur (le signe pause sur une portée). Jeux d’échelle, de langage, de signes et de sons, cette nouvelle exposition de Julien Nédélec met en écho les différents axes de son travail avec une densité rare et une complémentarité renforcées entre les œuvres.