vue de l exposition, © Frac des Pays de la Loire
vue de l exposition, © Frac des Pays de la Loire
vue de l exposition, © Frac des Pays de la Loire
vue de l exposition, © Frac des Pays de la Loire
Du 25 avril au 16 juin, le Frac des Pays de la Loire accueille une exposition exceptionnelle de l'artiste napolitain Saverio Lucariello. Elle réunit deux installations spécifiquement produites pour le Frac en partenariat avec l'Espace Croisé : une première occasion pour l'artiste de concevoir une œuvre monumentale. Ainsi, les 420 m2 de la salle d'exposition sont littéralement "contaminés" par un énorme paysage composé de deux montagnes et d'une colline, qu'accompagne un cube plus minimal à l'intérieur duquel sont projetées des vidéos.
La plus grande installation s'inscrit visuellement dans le prolongement de sa fameuse vidéo intitulée Déclaration aux objets (2000) dans laquelle l'artiste, littéralement couvert et entouré de tissu or, comme dans une sorte de caverne d'Ali Baba, tentait de faire entrer en lévitation des objets dérisoires (casseroles, passoires, etc.) ou des morceaux de viandes. Les trois structures organiques construites au Frac sont elles aussi recouvertes d'une multitude de plis de tissu doré. Chacune d'elle forme un abri, une sorte de grotte dans laquelle le spectateur peut pénétrer. L'intérieur, très "dantesque" lui aussi, sera truffé de moniteurs diffusant des vidéos de l'artiste. Le son comme l'image formeront un environnement étourdissant, à la limite du brouhaha, parfois insupportable. Dans "le mont des Efforts" pour n'en évoquer qu'un seul, l'artiste est filmé à mi-corps, grimaçant comme s'il faisait des efforts, dont le spectateur doit cependant deviner ou imaginer la nature... Le cube, figure minimale par excellence, mais ici en skaï noir, proposera une projection en plusieurs temps où l'on verra Lucariello à l'œuvre.
Comme à son habitude, Lucariello sait insuffler un très sain vent de folie au monde de l'art et, avec une parfaite maîtrise de l'absurde, il entraîne le spectateur dans une expérience jubilatoire et excessive à l'image du titre de l'exposition. Avec les enchaînements de bruits, de formes, d'images et de sculptures grotesques, les gigantesques excroissances organiques : "le mont des Efforts", "le mont des Indifférences" et "le mont des Hésitations" proposent une lecture parodique de notre société tout en laissant le spectateur s'en remettre à sa perception subliminale. Ainsi affranchi de toute tentative de vouloir mettre du sens dans ses dispositifs, le spectateur se trouve manipulé, emporté dans une liturgie mouvante et fluide, sous l'œil malicieux de l'artiste, acteur et sujet de ses vidéos.
Cet univers délirant qui mêle loghorrées verbales, sons suggestifs et décor théâtral a été le soir du vernissage le lieu d'une représentation à trois, orchestrée par l'artiste avec Pierre Giquel, Jean-Yves Jouannais et Arnaud Labelle-Rojoux.