Depuis le début des années 90, Kristin Oppenheim travaille à des sculptures vocales, des expérimentations de la “physicalité de l’espace” ou du “placement physique de la voix dans l’espace”. L’œuvre Shake me (“Secoue moi”) consiste en une série de variations vocales sur ces deux mots. L’artiste a pour l’occasion “adapté” une mélodie de Syd Barrett, représentée de mémoire, c’est-à-dire qui correspond “à l’idée que l’on se fait de sa musique”. Mais Shake me, tout comme Tap Your Shoes, peut aussi évoquer les hymnes grégoriens car sa capacité à nous surprendre tient à la répétition et aux variations d’intonation. Cette investigation de la parole, de la voix travaillée semble s’opposer à l’écriture ou au mot que Kristin Oppenheim utilise pourtant dans son travail. Kristin Oppenheim ne prend pas de leçon de chant ; cependant elle travaille sa voix. Son effort porte sur quelque chose qui excèderait la culture comme la texture de la voix ou son grain. Ce que la voix transmet ici c'est sa propre fragilité, celle de l'artiste également, sa vulnérabilité. L’ensemble enveloppe le spectateur dans un espace de douceur et d’incantation.