Bel canto

Béatrice Dacher est une artiste nantaise dont le travail "sur le motif" est le fruit d'une réflexion sur la validité de la peinture dans le contexte de l'art et dans le sien propre.

"Depuis une dizaine d'années, j'opère une série de questionnements relatifs à la place qu'occupe la peinture, et à son intégration dans son univers quotidien. Ma peinture s'exprime au travers d'un ensemble de procédures où interviennent la sculpture, l'installation et le motif." La broderie est aussi un médium utilisé par Béatrice Dacher, support d'une revendication plastique ou sociale capable aussi de nous embarquer dans un univers plus sensuel.

Depuis 1995, elle réalise des "compositions", photographies de l'espace où elle place ses tableaux, opérant ainsi une mise en abîme et une mise à distance. En investissant avec ses tableaux les espaces auxquels elle les destine, elle modifie la perception de l'espace. Dans La maison où j'ai grandi, elle installe dans une salle du musée des Beaux-arts de Nantes un ensemble de tableaux, huile sur toile, et une photographie impressionnée sur toile, tendue sur châssis. Le motif reprend le motif de la tapisserie de son couloir. Avec Elle sont belles tes roses, elle intègre deux peintures de dentelles : l'une rouge dans un bar, chez Mireille et l'autre noire, dans un magasin de pompe funèbre.

Dans La Lettre 1980, Béatrice Dacher propose une évocation de la mémoire, fil conducteur de l'exposition au Frac et moteur de sa pratique artistique. Une lettre rédigée par son père est ainsi monumentalisée. Le texte de cette lettre désormais reproduite en 240 x 180 cm, a été brodé grâce au concours du lycée d'ameublement de Saint-Quentin en Picardie. L'artiste pour cette œuvre ayant associé un professeur et des élèves. Broderie mécanique et affect, geste répétitif et histoire humaine, le leg spirituel du père de l'artiste prend alors une toute autre dimension. L'exposition sera aussi l'occasion de présenter deux nouvelles œuvres, images extraites de la télévision où un sans abri dort sur un banc. Patiemment l'artiste a brodé le duvet dans lequel l'homme dort, le résultat questionnant par là-même, la pratique de la peinture autant que de la broderie dans un monde envahi par les images.

A la façon d'une mélodie doucement nostalgique, Bel canto de Béatrice Dacher sera composée de notes évocatrices du temps qui passe, mélange subtil des médiums (photographie, peinture, broderie) qui, combinés, font osciller le spectateur entre mémoire individuelle et mémoire collective.

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