œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire
Le Frac des Pays de la Loire mène depuis plusieurs années un partenariat soutenu avec le Conseil Général de la Sarthe. Dans ce cadre, le Frac propose, avec l’exposition intitulée Ceci n’est pas une fenêtre, un aperçu de sa collection autour des notions thématiques d’ouverture et de fermeture, d’intérieur et d’extérieur, de lumière, de transparence et de reflet.
Avec Saint Georges, Miguel Egana ouvre métaphoriquement la fenêtre télévisuelle et propose une rencontre amusée entre univers quotidien médiatique et monde merveilleux des grands mythes chrétiens. Le grand miroir morcelé de Jim Hodges revisite quant à lui le mythe de Narcisse, et plus généralement, interroge notre relation aux images. Dans des compositions savamment orchestrées, Sarah Jones aime photographier les intérieurs bourgeois, les poses rêveuses et une certaine qualité érotique proche du monde flaubertien. À cet égard, The House (Francis Place) pourrait se définir comme un condensé de fantasme autant qu’une réflexion sur l’illusion. Femme photographe elle-aussi, Rut Blees Luxemburg aime arpenter Londres et explorer sa propre relation à l’espace urbain. Dans Enges Bretterhaus/Narrow Stage, elle connecte espace intime et espace public et joue très picturalement sur la théâtralité d’une absence. Jean-Jacques Rullier offre en partage, via la série de dessins intitulée Promenade, Suite berlinoise, l’émotion d’une vision, où l’expérience singulière d’un parcours mi-rêve mi-réalité rejoint l’universalité. Entre la peinture et la sculpture, les plans rectangulaires d’Adrian Schiess sont des œuvres de lumière. Elles incarnent l’expression simple et concrète d’une abstraction monochromatique, tout autant que l’addition, la superposition, l’existence simultanée de tous les mondes possibles et envisageables. Beat Streuli enregistre les attitudes que génèrent les grandes agglomérations occidentales et propose une représentation de la figure humaine modelée par les signes architecturaux qui l’entourent, à la fois protégée et exposée par ce conditionnement urbain. Rapprochant des registres contradictoires, La Troisième pluie de Patrick Tosani s’énonce comme un spectacle faussement naturaliste : un rideau liquide jouant de l’occultation et de la transparence, et rappelant au spectateur tous les artifices de la photographie. David Tremlett est un grand voyageur qui aime s’imprégner de sensations, d’odeurs, d’ambiances, de formes et de bruits. Extrêmement sensuel dans son utilisation du pastel, il propose avec 1.9.8.7 une réflexion sur l’essence du signe architectural, saisi dans une empreinte monumentale et fragile. Comme toutes les œuvres sélectionnées pour l’exposition Ceci n’est pas une fenêtre, 1.9.8.7 permet par ailleurs une confrontation intéressante avec l’architecture du lieu d’accrochage, autrement dit la rencontre ouverte du patrimoine roman et de l’art contemporain.