Frac



Exposition
Instant City

du 29 septembre
au 18 novembre 2007
Abbaye de Fontevraud

Yves Bélorgey, Christophe Berdaguer & Marie Péjus, Martin Boyce Thomas Huber, Koo Jeong-A, Andrew Miller, Petra Mrzyk & Jean-François Moriceau, Paul Noble, Kristina Solomoukha

Œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire

Archizoom Associati, Andrea Branzi, Chanéac, Jordi Colomer, Peter Cook (Archigram), Architecture Principe (Claude Parent & Paul Virilio), David Georges Emmerich, Pascal Häusermann, Yona Friedman, Rem Koolhaas (avec Madelon Vriesendorp et Zoé Zenghelis), Martin Pinchis, R&Sie(n), James Wines & SITE, Didier Fiuza Faustino, Eilfried Huth & Günther Domenig, IaN+, Xefirotarch, Hernan Diaz Alonso.

Œuvres de la collection du Frac Centre

Rencontre de deux collections contemporaines et d’un projet culturel innovant



Abbaye de Fontevraud

Fontevraud l'Abbaye (49)


Avec son nouveau projet culturel, l’Abbaye de Fontevraud renoue avec l’esprit qui anima ses origines : être un lieu de réflexion mais aussi un lieu de vie. Résolument tournée vers les problématiques de son temps, la programmation du site aborde les enjeux de la société contemporaine tout en donnant des éclairages sur l’histoire.

Permettre au visiteur, novice ou érudit, amateur ou passionné, d’embrasser une pluralité de regards sur une architecture qui a traversé les siècles, telle est la philosophie qui sous-tend l’événement « Cité Idéale » le samedi 6 octobre à Fontevraud. Une journée qui fait de l’Abbaye le « miroir des temps » et ouvre de nouveaux horizons sur l’architecture et la cité. L’exposition organisée par le Frac des Pays de la Loire et le Frac Centre s’inscrit totalement dans cette démarche d’exploration du passé et du contemporain, du rationnel et de l’imaginaire. Les œuvres présentées offriront en effet une vision de la Ville utopique, donnant à chacun des exemples concrets d’utopie architecturale et artistique. Autant de regards singuliers portés sur la ville et mettant en évidence le rôle de l’art non seulement dans la compréhension de notre présent mais aussi dans l’anticipation de notre futur.


Instant City, le titre de l’exposition, fait référence à un projet de ville nomade imaginé par le groupe d’architectes anglais Archigram à la fin des années 1960, présent dans la collection du Frac Centre. Métropole itinérante, Instant City préfigure une société devenue réseau d’informations et transforme l’architecture en événement.

Le Frac des Pays de la Loire dont une des spécificités est la résidence d’artistes possède de nombreuses œuvres qui questionnent l’architecture dans sa dimension utopique, critique, sociale. Une œuvre magistrale de Thomas Huber, Sonnez les mâtines, est présentée dans cette exposition. Reconstruction mentale d’une ville dans sa complexité archétypale, cette installation dans laquelle l’on déambule, interroge l’architecture comme image. La «ville idéale» de Thomas Huber, jamais finie, déroule une narration architecturale, à mi-chemin entre réel et fiction. Martin Boyce rend quant à lui ambiguë la perception de l’espace, domestique et urbain ; indéfinissable la distinction entre architecture et design, interrogeant le « lieu » même de l’architecture. D’autres artistes scrutent la ville comme une image générique (K. Solomoukha), une construction ludique (J-F Moriceau et P. Mrzyk), une élaboration de l’inconscient (Berdaguer-Péjus). Ou encore, la ville apparaît comme une «géographie imaginaire» mais avec ses sites archéologiques, fiction dans la fiction (Paul Noble). Dans la ville en perpétuelle transformation, les constructions y sont le plus souvent précaires (Andrew Miller, Koo Jeong.A). La ville idéale que peignait Piero della Francesca avec ses vues d’Urbino répondait à une vision anthropocentrique et géométrique du monde. Elle a fait place aujourd’hui à des assemblages de fragments urbains – critiques, ironiques, oniriques – à travers lesquels se trame la «ville».

Le Frac Centre qui développe depuis plus de quinze ans une collection sur l’art et l’architecture expérimentale présente quant à lui des projets d’architecture utopique des années 1960 tels que les villes nomades (Archigram) ; les villes spatiales en forme de grille (Friedman) ; les mégastructures ; No-Stop-City d’Archizoom, ville sans qualité et sans architecture qui s’étend à l’infini ; les villes obliques de Parent/Virilio où le sol devient habitable. Ou encore, dans les années 1970, les fictions urbaines de Rem Koolhaas (Delirious New York) et les villes végétales de James Wines. Dans les années 2000, le recours aux outils numériques donnera lieu à des projets urbains surprenants, ainsi R&Sie(n) ont-ils conçu un bâtiment qui filtre et absorbe les déchets atmosphériques de Bangkok ; Xefirotarch a suspendu une ville sur la mer en Corée qui se donne comme une efflorescence organique. A travers sa tour-capsule d’un mètre carré, Didier Faustino fait quant à lui un clin d’œil aux utopies des années 1960 tout en critiquant l’urbanisation sauvage et inhumaine de villes comme Hong Kong où existent encore des « appartements-cages ». Dans la vidéo Anarchitekton, Jordi Colomer fait déambuler, en périphérie d’une ville, un personnage arborant une maquette d’architecture, réplique de bâtiments existants. Le réel et son image se confondent au sein de la déshérence urbaine.

Toutes ces utopies architecturales, ces fictions artistiques offrent autant de regards singuliers sur la ville à tous les visiteurs. Pour la première fois, des œuvres d’artistes croisent des projets d’architectes dans un dialogue fécond entre deux collections. La ville n’y est jamais tant une projection idéale que l’instrument d’une critique sociale et politique où la question récurrente est celle de l’ancrage et du nomadisme. Les planifications urbaines ont fait place à un territoire toujours mouvant, innervé par les nouvelles technologies de la communication. La ville d’aujourd’hui se donnerait d’ailleurs comme Instant City d’Archigram, traversée de flux d’informations et de migrations identitaires qui rendent impossible sa localisation.

Commissaires d’exposition : Marie-Ange Brayer, Directrice du Frac Centre et Laurence Gateau, Directrice du Frac des Pays de la Loire.