vue de l'exposition Tatiana Trouvé, Frac des Pays de la Loire, 2008
cl : Jonathan Boussaert - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Tatiana Trouvé, Frac des Pays de la Loire, 2008
cl : Jonathan Boussaert - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Tatiana Trouvé, Frac des Pays de la Loire, 2008
cl : Jonathan Boussaert - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Tatiana Trouvé, Frac des Pays de la Loire, 2008
cl : Jonathan Boussaert - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Tatiana Trouvé, Frac des Pays de la Loire, 2008
cl : Jonathan Boussaert - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Tatiana Trouvé, Frac des Pays de la Loire, 2008
cl : Jonathan Boussaert - © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition Tatiana Trouvé, Frac des Pays de la Loire, 2008
cl : Jonathan Boussaert - © Frac des Pays de la Loire
Du 6 juillet au 12 octobre 2008, le Frac des Pays de la Loire invite l'artiste Tatiana Trouvé à investir la salle Jean-François Taddei.
Après avoir passé son enfance à Dakar, Tatiana Trouvé poursuit ses études d'art aux Pays-Bas et à la Villa Arson de Nice. En 2007, elle reçoit le Prix Marcel Duchamp et réalise plusieurs expositions personnelles importantes (Palais de Tokyo, MAC/VAL, Villa Arson et Galerie Emmanuel Perrotin Miami). En 2008, elle est invitée au Centre Georges Pompidou. Elle est représentée par la Galerie Emmanuel Perrotin à Paris et Miami, la Galerie Almine Rech à Bruxelles et la Galerie Johann König à Munich.
Opérant principalement par installations, Tatiana Trouvé se consacre à partir de 1997 à une seule œuvre, le Bureau d'Activités Implicites (BAI), ensemble modulaire comparable à un corps qui ne cesse de se modifier par sa croissance et ses altérations. Composé de différents Modules dédiés chacun à une activité spécifique, le B.A.I. se propose de structurer à la fois la genèse et la mémoire des occupations de Tatiana Trouvé et, pour cela, inventorie, classe, codifie, réorganise tous les actes et pensées de l'artiste. Les Modules « sont des lieux de travail et de concentration dont on ne sait précisément si la fonction consiste à recenser ou à produire les pensées ou les traces de l’activité de l’artiste – comme si la genèse en constituait également l’horizon. » Plusieurs éléments articulent ce fonctionnement organique : un module administratif, une matrice à fantômes, des archives, une cellule de sable, un module à titres, un module à réminiscence, un module des lapsus, un module d’attente, un module de grève…Le vocabulaire formel de l’ensemble tient à la fois de l’esthétique administrative et de l’économie du fait main : au désordre de l’esprit ou aux mystères de l’inconscient se substituent des sculptures aux composants plus ou moins surréalistes, assez low-tech, dont l’assemblage apparaît paradoxalement comme très rigoureux.
Depuis 2006, Tatiana Trouvé développe également des maquettes de "lieux implicites" dénommés Polders, qui se différencient des Modules dont la taille environne les 1,50m par une échelle réduite correspondant à la taille d’un enfant. Eléments enfouis de la mémoire qui font surface, à l’image des polders des Pays-Bas, zones côtières endiguées pour dérober les terres à la mer, « ces espaces en réduction restent énigmatiques parce que composés d’éléments faisant référence à des univers hétéroclites : de plus, leur changement d’échelle, optique, s’accompagne systématiquement de la redéfinition d’une logique d’espace. » Excroissances ou colonies mentales, greffes architecturales, les Polders sont posés à même le sol ou fixés au mur, peuvent se nicher dans les recoins d'une pièce ou venir se placer au milieu de celle-ci. Départements autonomes du B.A.I, ils agissent de concert avec les Modules pour produire des fictions d’activité, confirmant une certaine autonomie de l’œuvre par rapport au lieu d’exposition.
Le visiteur se voit donc confronté à une gigantesque entreprise de fiction, d’autofiction, où l’artiste intériorise et reproduit les mécanismes administratifs à l’échelle individuelle afin de les exorciser. Oscillant toujours, dans le grand labyrinthe mémoriel et spatial qu’elle ne cesse d’enrichir en combinatoires, entre récit individuel et inconscient collectif.
Eva Prouteau