Vue de l'exposition : Nothing more natural, Anne-Mie Van Kerckhoven, 2009
cliché Mathieu Génon, © Frac des Pays de la Loire
Vue de l'exposition : Nothing more natural, Anne-Mie Van Kerckhoven, 2009
cliché Mathieu Génon, © Frac des Pays de la Loire
Vue de l'exposition : Nothing more natural, Anne-Mie Van Kerckhoven, 2009
cliché Mathieu Génon, © Frac des Pays de la Loire
Vue de l'exposition : Nothing more natural, Anne-Mie Van Kerckhoven, 2009
cliché Mathieu Génon, © Frac des Pays de la Loire
Vue de l'exposition : Nothing more natural, Anne-Mie Van Kerckhoven, 2009
cliché Mathieu Génon, © Frac des Pays de la Loire
Dans le cadre des Instantanés, le Frac des Pays de la Loire invite l’artiste Belge Anne-Mie Van Kerckhoven à investir la salle Mario Toran.
Depuis le milieu des années 70, Anne-Mie Van Kerckhoven développe une oeuvre interdisciplinaire qui associe dessins, textes, sons, vidéos et images générées par ordinateur. D’une exposition à l’autre, les différents médiums se répondent au sein d’installations combinant et « recontextualisant » pièces antérieures et plus récentes. Cette logique évolutive traduit assez bien la fascination de l’artiste pour les systèmes et les structures.
Anne-Mie Van Kerckhoven a toujours porté une attention particulière à l’omniprésence médiatique de l’image de la femme. Certaines de ses oeuvres, comme le projet HeadNurse, s’appuient sur une iconographie empruntée à la pornographie « soft » pour déconstruire des stéréotypes liés aux notions de pouvoir et de sexualité. De manière plus générale, sa réflexion s’étend aux champs de l’art, de la science et de la politique.
Dès le début des années 80, elle s’est fait remarquer pour ses incursions dans le milieu de la science en participant, au coté du Dr. Luc Steels, à un laboratoire de recherche sur les intelligences artificielles. Son goût des technologies numériques et les interactions libres qu’elle propose entre le cerveau, le système nerveux et la machine lui ont conféré une place singulière dans le monde de l’art contemporain. Il en émerge une esthétique hétérogène qui rend son oeuvre difficilement classifiable.
Les Philosophical rooms, commencées en 1998, réapparaissent dans plusieurs projets. Ces intérieurs à la facture « low-tech » explorent l’espace et l’imagerie ouverts par la technologie. Chacun d’eux formalise la réception par l’artiste de la pensée d’un philosophe. Leur aspect visuel et leur composition varient en fonction de l’impact de la théorie. Contrairement à ce que l’utilisation de l’ordinateur pourrait faire penser, le travail d’Anne-Mie Van Kerckhoven ne se limite pas à un geste rationalisé et conceptuel, mais repose sur sa propre expérience et noue dans une seule et même vue le collectif et le personnel.
Bien qu’ils sous-tendent depuis plus de 30 ans l’ensemble de sa pratique, les dessins d’Anne-Mie Van Kerckhoven ont été longtemps considérés comme secondaires. Leur production ouvertement impulsive et illogique les rapprochent d’un « journal intime » catalysant ses préoccupations. L’accumulation des signes et des représentations, le mélange entre abstraction et figuration qu’on y retrouve rappellent les techniques automatiques surréalistes. Sortes de cadavres exquis, de rébus ou de condensations, ils s’ouvrent sur différents niveaux de conscience et laissent libre cours à un imaginaire immodéré et non censuré.
Si les critiques d’art ont souvent assimilé Anne-Mie Van Kerckhoven au mouvement cyber-féministe, le ton non-conformiste de son travail s’ancre dans une démarche critique contre-culturelle. La dimension utopique qu’il recouvre, l’attrait de l’artiste pour les technologies et le DIY (Do It Yourself) révèle un refus de normalisation et un désir de sonder les idéologies sous-jacentes. Les pièces elles-mêmes jouent sur un répertoire éloigné des standards esthétiques de la post-modernité. Les compositions saturées et criardes et les emprunts au style graphique des comics underground renvoient sans détour le passage dans les années 70/80 du psychédélisme vers la mouvance punk. Une époque durant laquelle, l’artiste s’est illustrée sur la scène alternative anversoise en fondant avec Danny Devos le groupe Club Moral.