Eric Poitevin, Sans titre, 1990
Cl : Jean-Baptiste Alain - © Adagp, Paris
Nathan Coley, Larry Deyab, George Dupin, Roland Fischer, Isabel Formosa, Hreinn Fridfinnsson, Jack Pierson, Orlan, Yan Pei-Ming, Éric Poitevin, Anne et Patrick Poirier, Ulla Von Brandenburg
Collections des Frac de Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire
Rue Guyard de la Fosse
53100 MAYENNE
Réunir en un même lieu une sélection des trois Fracs de l’Ouest qui plus est, dans un centre d’art où domine un retable baroque, peut apparaître comme une citation ou une simple gageure. Et pourtant tel est le cadre fixé par le centre culturel, le Kiosque, au sein du centre d’art, la Chapelle des Calvairiennes.
Le cadre architectural de ce lieu dominé par un mur retable de 1668 pose finalement le postulat de départ : la représentation des trois religions monothéistes au travers des collections contemporaines des Fracs Bretagne, Basse-Normandie et Pays de la Loire. Cette réunion s’opérant à Mayenne, ville à la lisière de trois anciennes provinces.
Et pour finaliser le décor, l’exposition « Comme des Rois mages » se pose au sein d’un lieu où la contemplation n’avait pas le droit de citer, en témoigne cette architecture monacale de la première période fondatrice du couvent et de sa chapelle adjacente.
De la richesse des trois collections en découle trois volets qui jalonnent l’exposition :
- Marquer le territoire
- Le corps des Saints et des vivants
- Le folklore mystifiant
Marquer le territoire
Dans la ville de Jérusalem, trois fois sainte, la construction des architectures ultra symbolisées est fondatrice de la propagation des idées. C’est l’un des aspects ironiques peut-être des trois maquettes de Nathan Coley (Frac Pays de la Loire), ou plus dévastatrice que l’on retrouve dans les photographies de Jérusalem prises sur plusieurs années par Georges Dupin (Frac Basse-Normandie). Construction qui en arrive jusqu’à la destruction dans les portraits émouvants que fait Larry Deyab d’un juif, d’un chrétien et d’un musulman, sur de vieilles palissades de chantier. Point culminant du poids du bâtisseur avec «Mao» de Yan Pei Ming où le portrait du Père fondateur devient celui du petit frère du peuple.
Le corps des Saints et des vivants
Ce second chapitre renvoie au canon de beauté, au rapport du corps entre les saints et les vivants, ou à la transgression des saintes règles édictées par des vivants pour devenir des saints. C’est le cas avec Orlan, en particulier avec les photographies des opérations chirurgicales. Mais aussi dans la posture lascive d’un homme comme canon d’une beauté asexuée avec les photographies de Jack Pierson (le rapport à l’ange) ou mieux encore l’incarnation du saint par le vivant au travers de l’habit, «prendre l‘habit». C’est ce que l’on contemple avec les photographies d ’Eric Poitevin (Frac Pays de la Loire), ou de Roland Fischer (Frac Basse-Normandie).
La beauté mystifiante
L’ensemble orchestré par ces trois collections régionales se termine sur une note peut être plus ambiguë, une note douce-amère. Le folklore et les traditions religieuses s’inscrivent volontiers dans les croyances ici évoquées. C’est le cas pour la danse macabre de Ulla von Brandenburg, mais aussi dans le travail de photographie de Roland Fischer et Éric Poitevin, ou bien le résultat d’un phénomène purement physique du fond d’or avec la lumière chez Hreinn Fridfinnsson. Sans oublier les très belles photographies d’Isabel Formosa que l’on redécouvre dans la collection du Frac des Pays de la Loire.
Cette exposition riche des collections des trois Fracs du grand Ouest a de multiples entrées dont la principale est le miroir qu’elle tend face aux actualités du Moyen- Orient. Les œuvres ainsi rassemblées nous interpellent comme témoin, sur trois sujets liés, qui nous constituent d’une manière ou d’une autre.
Cette exposition s'inscrit dans le cadre de la manifestation nationale "Collections d'Automne "organisée par PLATFORM, regroupement des Fonds régionaux d'art contemporain, de septembre à décembre 2009.