Frac



Exposition
Le Sang d'un poète

du 6 juin
au 30 août 2009
Hab Galerie, Nantes

David Altmejd, Cristian Andersen, Christophe Berdaguer & Marie Péjus, Ulla von Brandenburg, Jean Cocteau, Steven Claydon, Keren Cytter, Edith Dekyndt, Spencer Finch, Lothar Hempel, William Hunt, Ann Veronica Janssens, Klara Kristalova, Jim Lambie, Vincent Lamouroux, Victor Man, Mark Manders, Daria Martin, Ursula Mayer, Paul Morrison, Drago Persic, Susan Philipsz, Egill Sæbjörnsson, Markus Schinwald, John Stezaker, Nadim Vardag, Andro Wekua, Guido van der Werve.

Commissariat : Laurence Gateau, Directrice du Frac des Pays de la Loire et Adam Budak, curateur du Kunsthaus am landesmuseum Joanneum Graz (Autriche).

exposition du Frac des Pays de la Loire proposée dans le cadre d'Estuaire Nantes <>Saint-Nazaire 2009


Catalogue de l'exposition


Hab Galerie

quai des Antilles _île de Nantes
44200 Nantes


L’exposition Le Sang d'un poète se consacre à la question du processus de création. Ce thème est abordé à partir du film éponyme de Cocteau. La structure de ce grand film surréaliste, traite dans une large mesure de l’attitude du spectateur et de la manière plurielle de regarder. Le film se déploie à l’intérieur d’un récit d’espaces — saynètes, images, tableau vivant, vitrines, petites architectures, installations d’intérieurs psychiques divisés en épisodes. C’est une chorégraphie du désir et comme telle, guidée par un désir de voir et (la possibilité) d’être regardé.

C’est en résumé une profonde et fascinante étude du voyeurisme. Une vraie rêverie. Et une analyse psychologique auto-réflexive très sincère du processus de production artistique et de création. « Tout poème est un blason ; il faut le déchiffrer. » C’est par cette considération énigmatique que le grand maître et pionnier de l’imaginaire surréaliste introduit le spectateur à son oeuvre majeure, Le Sang d’un poète (1930).

L’exposition à Estuaire part de cette vision hallucinatoire pour tenter d’envoûter le spectateur dans une logique singulière de déchiffrement et de dévoilement, qui prend pour cible l’illusion artistique et la capacité de l’art à construire des mondes autonomes et des lieux d’évasion (réels et métaphoriques). Conçue comme une séquence de tableaux voyeuristes, l’exposition reflète, comme le souhaitait Cocteau, « une descente en soi-même, une manière d’employer le mécanisme du rêve sans dormir, une bougie maladroite, souvent éteinte par quelque souffle, promenée dans la nuit du corps humain ». Poème spatial, l’exposition suit les sentiers qui bifurquent d’un labyrinthe de l’esprit et des sens, de la pensée et des sentiments. Les formes cinématiques et théâtrales s’y trouvent littéralement réappropriées, et traduites en une forme architecturale envisageant l’espace physique concret comme une matrice en forme d’écran permettant de projeter les conflits largement internes d’un puissant contenu psychologique.

L’exposition est également « écrite », tel un essai sur l’identité de l’art (sa confusion, son désordre et son possible bien-être), sur le soi dissout et la psychologie du processus créatif de l’artiste : placés au premier plan, l’acte même et la source de la création sont analysés en une série d’études de cas, où s’allient mythologie personnelle et mécanique véritable de l’imagination radicale et des transitions internes.

Mystérieuse tel un dédale ou une Wunderkammer, stimulante comme une énigme, apparemment psychotique, cette tentative hallucinogène vise à saisir les débordements des émotions humaines et de la condition corporelle. Le rêve et le rêve éveillé sont les lieux idéels de cette exposition, un lieu où l’intimité irait de pair avec la révélation, la réalité avec la fiction, le désir avec le deuil, entre violence et désespoir – une prodigieuse séance d’autoportrait et de réflexivité, la possibilité d’une psychothérapie de l’art.

Aventure transgressive et subversive dans les mondes alternatifs de l’expérience artistique, elle oscille entre allégorie et fantasme, et reflète ainsi la perplexité de l’âme et la subjectivité contemporaine hésitant au seuil du doute ontologique, un geste (artistique) précaire, une aspiration à une profondeur mythique.

L’exposition est chorégraphiée comme une pantomime, où l’image en mouvement et la sculpture performative agencées au sein du décor architectural et dramatique forment une scène permettant au spectateur d’interagir avec sa propre grammaire des gestes et sa propre charge psychique.

Voir -> Archives -> Estuaire Nantes<>Saint-Nazaire 2007 -> Rouge Baiser





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