vue de l'exposition, Spencer Finch, Between the moon and the sea, Frac des Pays de la Loire, 2010
cliché Marc Domage, © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition, Spencer Finch, Between the moon and the sea, Frac des Pays de la Loire, 2010
cliché Marc Domage, © Frac des Pays de la Loire
vue de l'exposition, Spencer Finch, Between the moon and the sea, Frac des Pays de la Loire, 2010
cliché Marc Domage, © Frac des Pays de la Loire
Du 19 mars au 30 mai 2010, le Frac des Pays de la Loire invite, pour sa première exposition personnelle dans une institution française, l’artiste Spencer Finch à investir la salle Jean-François Taddei.
Spencer Finch est né en 1962 à New Haven dans le Connecticut. Il entreprend des études en littérature comparée au Hamilton College Clinton, avant de rejoindre la Rhode Island School of Design, où il concentre son intérêt sur le design et la sculpture. De retour à New York en 1990, il commence ses premières expériences sur la lumière et la vision.
Depuis le milieu des années 90, Spencer Finch a exposé dans de nombreuses grandes institutions aux Etats-Unis et en Europe. En 2009, il a participé à l’exposition « Making World » de Daniel Birnbaum pour la 53ème Biennale de Venise. Son travail a également fait l’objet d’une exposition importante au MASS MoCA (Massachusetts Museum of Contemporary Art) en 2007.
Souvent comparé, à juste titre, par les critiques à un « magicien des temps modernes » ou à un alchimiste, Spencer Finch sonde les mécanismes et les mystères de la perception. Variant de médiums au gré des pièces, il s’attache à traduire l’impression laissée par des phénomènes naturels : le voile d’un brouillard annulant progressivement les cimes d’une forêt, la qualité d’un vent, une intensité lumineuse. Ce dont Finch tente de conserver le souvenir, ce n’est pas une situation dans son ensemble, mais une expérience sensorielle qui, à elle seule, en exprimerait l’aura. Son entreprise oscille en permanence entre un versant rationnel et poétique. La place octroyée à sa mémoire – à sa propre subjectivité – et l’idée même de capturer des sensations mettent à mal son désir farouche de précision et résistent aussi bien à la panoplie d’instruments scientifiques dont il s’entoure qu’à la structure profondément conceptuelle de son travail. Les Water Drawings (dessins « d’eau »), réalisés à différents endroits de la planète, enregistrent les infimes variations de couleurs d’une étendue ou d’un cours d’eau. L’artiste consigne d’abord les différentes teintes qu’il observe puis les reproduit une fois à son atelier sous la forme d’ondulations entrelacées.
Le soleil tient une place centrale dans l’œuvre de Spencer Finch. Comme beaucoup de peintres et de scientifiques avant lui – Monet, Turner ou encore Newton – il est fasciné par la lumière et par les couleurs qu’elle révèle. Ses pièces convoquent l’histoire en revenant sur les traces de personnages célèbres, maîtres à penser pareillement traversés par les expressions évanescentes de la nature et par la volonté d’en saisir l’essence. « Une grande partie de mon travail consiste à voir ce que d’autres personnes ont vu à un endroit et à un instant différent »1. Les poètes, philosophes et naturalistes qui habitent son panthéon sont à l’image de son art, entretenant un balancement perpétuel entre logique et poétique.
L’artiste américain s’aventure également sur des sites de référence : le Grand Canyon, Ok Coral, ou encore Giverny. En représentant ces paysages pittoresques chargés, chacun à leur façon, d’une valeur mythique, il met en travail l’écart entre la perception individuelle et l’imagination populaire. Pour Sunset (Sunset in My Motel Room, Monument Valley, January 26, 2007, 5:36-6:06 pm), Finch a relevé l’intensité du soleil couchant sur le mur de sa chambre d’hôtel. Cherchant à recréer cette atmosphère, la pièce combine une série de captures du film de John Ford, The searcher (1956), présentée sur moniteurs, face à un mur. Les extraits, unifiés par la réverbération, diffusent dans l’obscurité de l’espace d’exposition une lumière éthérée aux couleurs changeantes.
Même lorsqu’elle se réfère à de tels clichés, l’œuvre de Spencer Finch pointe avec force l’extrême capacité de notre corps et de nos yeux à saisir le merveilleux du monde qui nous entoure.
1 Traduit de “Profile : Spencer Finch”, interview par Gillian Serisier, Artist Profile, August 2009