Frac



Exposition
Le présent du passé

du 2 avril
au 20 juin 2010
Domaine de la Garenne Lemot

François-Frédéric Lemot et
Roy Arden, Michel Aubry, Pascal Convert, Braco Dimitrijevic, Andreas Fogarasi, Bertrand Lavier, David Maljkovic, Deimantas Narkevicius, Panamarenko, Martha Rosler, Joe Scanlan, Simon Starling, David Tremlett, Artur Zmijewski.

Œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire

Commissariat d'exposition : Dominique Abensour


Domaine départemental de la Garenne Lemot


Route de Poitiers
Gétigné-Clisson (44)


Quelles relations les artistes entretiennent-ils avec l’histoire ? Qu’ils en acceptent ou en refusent l’héritage, leurs œuvres se nourrissent de multiples références à travers lesquelles ils tissent des liens avec leurs prédécesseurs. Continuité, filiation ou rupture, quelle que soit la nature de leur rapport au passé, celui-ci n’a jamais lieu qu’au présent. Dès lors, que cherchent les artistes en investissant au présent les formes et les événements du passé ?

Au début du XIXe siècle, François-Fréderic Lemot offre une réponse à cette question avec une oeuvre grandiose réalisée sur les treize hectares du Domaine de la Garenne de Clisson. Fasciné par l’Italie, emprunt de l’esprit du Siècle des Lumières, il compose son jardin pittoresque en y célébrant l’Antique et la ruine. L’exposition trouve là sa source et son argument. Rêve d’artiste dédié aux peintres, le jardin tout entier participe de l’exposition en ouvrant un dialogue avec nos contemporains.

La carrière prestigieuse de Lemot, sculpteur célèbre dès 1793, est étroitement liée à l’histoire de la France entre la Révolution et la Restauration(1). À Clisson cependant, « tout rappelle l’Italie » où il séjourne entre 1790 et 1793. 

L’Italie de Lemot est celle qui délaisse le baroque et le rococo pour retourner à la simplicité des formes classiques. Inspirées de la Grèce antique et de la République romaine (à laquelle Napoléon préférera la Rome Impériale), elles peuvent servir la démocratie et les valeurs civiques. L’Italie de Lemot est aussi celle qui redécouvre Pompéi et Herculanum. Des temps anciens, d’avant la colonisation romaine, surgissent ainsi dans le paysage du présent. À Clisson en 1805, séduit par « le grand caractère du paysage » habité par un héritage médiéval et une nature primitive, Lemot entreprend de composer un vaste tableau historique à l’échelle du paysage. On y croise de grandes figures de la mythologie, de la littérature, de la philosophie et de l’art avec lesquelles on traverse des « moments de l’histoire » de l’antiquité au romantisme naissant. Des époques et des registres différents y coexistent au sein d’une scénographie précisément pensée. Grâce au Château de Clisson, le motif de la ruine, héroïne d’un drame, d’une destruction à l’oeuvre y a toute sa place. Au XVIIIe siècle elle rappelle la fatalité que les Lumières éliminent.

L’art de la ruine est aussi le contemporain des espérances révolutionnaires, des espoirs déçus de 1789 à 1791. L’intérêt qu’on lui porte coïncide avec la naissance de l’histoire de l’art (2) et de la notion de patrimoine, et c’est avec cette conscience que Lemot investit les formes du passé, non pour les traduire fidèlement mais pour les réinventer afin de construire un présent qui prépare l’avenir.

Au contemporain, qu’en est-il du rapport des artistes à l’histoire ? Si l’intérêt pour le passé reste vif, notre présent est tout autre que celui de Lemot.




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