Frac



Exposition
Instantané (86) :
David de Tscharner

du 29 octobre 2014
au 4 janvier 2015
Frac, Carquefou

Fantasmagorie


Pour cet Instantané (86), Laurence Gateau invite l'artiste Suisse David de Tscharner à présenter une installation dans la salle Mario Toran.


Catalogue de l'exposition


« si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication directe avec les choses et avec nous-mêmes je crois que l’art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes car nos âmes vibreraient continuellement à l’unisson de la nature ». – Bergson

Pour David de Tscharner (né en 1979 à Lausanne), l’émerveillement est plus qu’une qualité enfantine passagère. Comme pour les poètes, c’est une inclination au ravissement et, avant tout, une manière d’être au monde. Chaque rencontre de l’artiste avec un objet agit comme une révélation et ôte le voile sur le quotidien pour privilégier les pouvoirs de l’imagination.

C’est de cet émerveillement pour l’objet familier et de son re-dévoilement dont il s’agit dans l’installation Fantasmagorie, présentée pour la première fois au Frac des Pays de la Loire.  A partir de mini-sculptures, confectionnées à l’aide d’objets trouvés dans le lieu d’exposition et ses alentours, l’artiste utilise le procédé de lanterne magique pour nous donner à voir leurs images éclatantes projetées à même le mur de l’espace.

La lanterne magique réapparait au 17ème siècle sous l’impulsion Athanasius Kircher et Christiaan Huygens. Cette technique permet de projeter des images peintes sur des plaques de verre, à travers un objectif, via la lumière d’une chandelle ou d’une lampe à huile. Considérée comme l’ancêtre du projecteur de diapositives et du vidéogramme, elle donne ensuite naissance à la «fantasmagorie», une forme de théâtre populaire qui utilise ce système optique pour projeter des images effrayantes comme des squelettes, des fantômes ou des démons.

En réhabilitant un procédé scientifique obsolète et avec peu de ressources (quelques fragments de choses et une très simple manipulation de la distance et de la lumière), David de Tscharner nous propulse dans un univers fantastique aux dimensions oniriques où les images révélées ont à la fois la profondeur et l’éclat d’une peinture et le charme désuet des kaléidoscopes. A la manière des ombres chinoises, ces projections tridimensionnelles relèvent de l’immatérialité et agissent comme une expérience sensorielle étrange. Transcender l’immobilisme de l’objet banal, dévoiler son âme ou encore tenter de nous faire percevoir son côté numineux (l’expérience affective du sacré), constitue la véritable quête de l’artiste. Dans le projet One Sculpture a Day (2011-2012), David de Tscharner assume pleinement cette obsession. Chaque jour pendant un an, il métamorphose des objets trouvés, abandonnés ou rejetés, en êtres mystérieux. Tels des « cadavres exquis », les sculptures s’ajoutent les unes aux autres et sont entreposées sur des étagères en bois recyclé, évoquant les réserves d’un musée merveilleux d’une apparente banalité.

Avec Fantasmagorie, David de Tscharner utilise la lanterne magique comme métaphore de la création artistique : les boîtes contenants les sculptures ne créent pas les images, elles ne font que les révéler à partir du réel, mais sans elles, ces images demeureraient invisibles. C’est un re-dévoilement de l’objet qui est au cœur de l’expérience et qui semble s’inscrire plus généralement dans un désir de ré-enchantement du monde.

Barbara Cuglietta


Site internet 

http://www.david-de-tscharner.com



Communiqué de presse



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