Florian Sumi, vue de l'exposition, cliché : Fanny Trichet
Florian Sumi, vue de l'exposition, cliché : Fanny Trichet
Florian Sumi, vue de l'exposition, cliché : Fanny Trichet
Florian Sumi, EphemeralElectronics. Advertising campaign, 2013
résidence du 20 janvier au 12 février 2014
Commissariat Frédéric Emprou
Pour sa première exposition personnelle, Florian Sumi propose une réflexion sur les notions de futur et de progrès technique. Surtout, il confronte le visiteur, le long d’un parcours ponctué d’objets artistiques divers (visuels publicitaires, installations, œuvres vidéo et sonores…) à l’une des contradictions les plus inquiétantes de notre époque et même de l’histoire de notre planète : l’augmentation exponentielle des besoins humains face au tarissement des ressources naturelles.
Artiste plasticien, Florian Sumi s’intéresse avant tout aux objets, à la manière dont ils fonctionnent, à leurs usages et à ce qu’ils racontent des sociétés et de leur évolution. C’est à travers eux qu’il questionne la pérennité aujourd’hui menacée de notre modèle occidental de surconsommation, la nécessité de le repenser, et qu’il renvoie aux modes de vie traditionnels aujourd’hui en voie de disparition. Il nous projette surtout dans un futur dont le progrès résiderait dans l’alliance entre haute technicité et potentiels offerts par la nature, condition à la poursuite de la croissance.
Pour illustrer ce futur plus ingénieux, Florian Sumi s’est associé pour l’une de ses œuvres au publicitaire Gilles Rivollier, fondateur de l’agence de communication Dawn Makers. Ensemble, ils ont trouvé l’inspiration dans les dernières avancées scientifiques et environnementales et présentent une campagne publicitaire fictive (affiches, pages de magazine) vantant les mérites d’un produit électronique existant aujourd’hui à l’état de prototype. La commercialisation de ce composant pourrait marquer une véritable révolution : conçu à base de soie naturelle cristallisée, il est entièrement biodégradable et sa durée de vie est réglable en fonction du besoin (« obsolescence programmable »). Intitulée Ephemeral Electronics, la campagne s’inspire de l’esthétique publicitaire des années 60 et 70 renvoyant au grand boom de la consommation et à une époque marquée, sous l’effet de l’entrée du confort moderne dans tous les foyers, par la fascination pour un futur toujours plus futuriste.
Contrastant avec cette modernité avancée, Florian Sumi propose aussi de se (re)plonger dans une ère sans électronique au travers de structures horlogères géantes en bois brut renvoyant à des savoir-faire traditionnels et à des processus de fabrication artisanaux. Le visiteur devient partie prenante de ce retour à une ère entièrement manuelle puisque c’est lui qui, au travers d’un geste symbolique, actionne la mécanique, celle du temps, pour le faire avancer ou remonter.
Entre archaïsme et ultra modernité, les œuvres de Florian Sumi exposées au Frac incitent le visiteur à envisager un autre modèle de société et l’émergence d’un monde qui associerait futur et nature, comme si le premier pouvait trouver sa source dans la seconde.