Jorge Satorre, "Bricks II", 2014 - "Inverted cartoon (Frap and Charb)", 2014
Vue de l'exposition "Celemania"
Cliché : Fanny Trichet - DR
Jorge Satorre, "Bricks II", 2014 - "Inverted cartoon (Frap and Charb)", 2014
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Cliché : Fanny Trichet - DR
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
Vue de l'exposition "Celemania"
XXVIIIe Ateliers Internationaux
Commissaire associée : Daniela Pérez
Artistes : Diego Berruecos, Santiago Borja, Andrea Chirinos, Cynthia Gutiérrez, Gabriel Rosas Alemán, Jorge Satorre
résidence du 29 septembre au 26 novembre 2014
Boulevard Ampère
44470 Carquefou
entrée libre
horaires d'ouverture de l'exposition :
du mercredi au dimanche de 14h à 18h
visite commentée le dimanche à 16h
groupes tous les jours sur rendez-vous
Né en 1979 à Mexico. Il vit à Mexico et à Barcelone.
Après avoir travaillé comme illustrateur dans l’édition, Jorge Satorre a commencé à s’intéresser à la récupération et à la transformation des méthodes issues de ce domaine : le dialogue entre créateur, histoire, image et spectateur. Jorge Satorre fait de ces réinterprétations des expériences personnelles qu’il traduit graphiquement comme un document narratif et un outil de réappropriation de la mémoire.
Durant sa résidence, l’artiste a sculpté une variété de céramiques qu’il présente ici sur une grande table de travail. Ce sont des fidèles retranscriptions d’histoires mentales que des amis, des parents, des artistes… lui ont raconté. Ces histoires partagées sont des scènes énigmatiques, parfois incompréhensibles. Le premier souvenir d’un événement particulièrement important, d’un cauchemar, d’une situation traumatisante, récurrente…
Pour cette résidence, les dessinateurs de presse Charb (Charlie Hebdo, Télérama, Fluide glacial...) et Frap (Presse-océan, La Lettre à Lulu...) ont accepté de partager avec Jorge Satorre des dessins. L’artiste leur a demandé d’appliquer leur style, leur acuité et leur regard à une situation ou un problème personnel, à l’inverse de ce qu’ils peuvent faire au quotidien dans leur dessin de presse. L’idée est aussi qu’esthétiquement, l’image remise conserve les mêmes caractéristiques, format, technique… que leur travail quotidien.
Les deux dessins agrandis sont ici reproduits sur le mur. Un dialogue étroit se crée entre ces œuvres bidimensionnelles et certains motifs reproduits en céramique et posés sur la table. Ils intègrent alors l’ensemble des images qui construisent l’univers intime de l’artiste.
Né en 1979 à Mexico, où il vit.
L‘œuvre « Unos papeles mas de contenido desconocido » retrace l’itinéraire que Walter Benjamin (philosophe et critique d’art) a parcouru en 1940 quand il décida de franchir les Pyrénées pour passer en Espagne avec d’autres réfugiés. Lors de sa résidence au Frac, Diego Berruecos a sélectionné des lieux emblématiques qui
lient « la route » de Walter Benjamin et le Tour de France, pour les réunir dans une seule vidéo où l’artiste monte lentement un col des Pyrénées à vélo tout en portant sur le dos une lanterne rouge allumée.
L’expression « lanterne rouge » désigne le dernier d’une course sportive et, de manière générale, de toute compétition ou classement. Cette expression est une référence au feu rouge porté par le dernier wagon des trains.
Dans cet esprit, Diego Berruecos recherche, ressuscite, les images des « lanternes rouges » des 36 dernières éditions du Tour de France (l’âge de l’artiste) qui ont suscité un intérêt médiatique, précisément par leur position dans le classement. L’artiste met en lumière les « derniers », symbole d’un regard vers le passé pour mieux comprendre le présent.
Après une recherche en bibliothèque, sur Internet, dans des banques d’images, dans ses archives personnelles, Diego Berruecos re-photographie puis imprime les images collectées et sélectionnées pour donner une visibilité à ceux qui font partie d’une histoire ignorée, puis oubliée.
Né en 1970 à Mexico, où il vit.
Au cours de la mise en scène d’une fausse inauguration dans l’espace d’exposition du Frac, quelques semaines avant l’exposition «réelle», Santiago Borja a observé le comportement des « visiteurs ».
Le but principal de cette assemblée était de générer un journal détaillé des actions et des mouvements du public à travers l’espace, avec un accent particulier sur la présence du corps du spectateur dans une exposition.
Ces événements ont été traduits par une notatrice Laban : une professionnelle du Conservatoire National de la danse. La méthode d’écriture Laban, couramment utilisée par les chorégraphes et danseurs, prend le forme de « partitions » où des formes géométriques et des sigles codifient les mouvements et la durée des postures, des gestes et attitudes (position du corps dans l’espace, orientation du regard, déambulation...).
Ces recherches, entamées en amont de la résidence, se présentent dans l’exposition sous la forme d’une projection au sol de ces partitions ; et d’un module appartenant également à l’écriture Laban : un icosaèdre, polyèdre à 20 faces, réalisé en cuivre. Ce matériau comme cette forme, conducteurs d’énergie, oriente le travail
de Santiago Borja vers une dimension presque ésotérique dont témoigne le diptyque installé dans le hall d’accueil du Frac (une réinterprétation d’une œuvre de gina pane où le corps de l’artiste est en harmonie avec l’espace).
Décoder le langage de l’art, comme celui de Laban, peut sembler similaire : un langage codifié, que l’on doit apprendre à décrypter.
Né en 1969 à Mexico, où elle vit.
Par le ballet et la chorégraphie, Andrea Chirinos approche la danse tel un espace visuel où couleurs, dessins, et mouvements du corps, préparent le spectateur à recevoir un langage non verbal. L’humour joue un rôle essentiel dans ses chorégraphies. Entre 2012 et 2014, Andrea Chirinos a présenté plusieurs fois Todo es cuestión de tiempo – inspiré de On Kawara – projet dans lequel des histoires fragmentées ayant lieu dans le futur déterminent le besoin de mémoriser chaque instant du temps passé. Résider dans un endroit où la langue nous est étrangère peut apparaître comme une «perte d’identité», et suppose l’apparition ingénieuse de diverses formes de communication qui permettent tout de même d’échanger des informations. Andrea Chirinos - durant sa résidence au Frac – s’est penchée sur ces notions de langage non verbal, utilisant son corps et une multitude de gestes pour surmonter la barrière de la langue et pouvoir se présenter. Elle a ainsi généré simultanément à ses efforts de langage un vocabulaire alternatif comme outil de communication.
La performance réalisée le soir du vernissage est une leçon d’apprentissage qui souligne les liens entre le corps en mouvement et une histoire alternative de la comédie, apparaissant comme des clichés devant l’œil étranger. La chorégraphie se déroule dans un espace spécifiquement créé pour l’occasion, où chaque élément visuel se rapporte au contexte de la résidence et à la notion d’apprentissage.
Les actions présentées par Andrea Chirinos montrent également que les mots acquièrent du sens aussi vite qu’ils peuvent le perdre. De la même manière, le corps apprend ici une séquence de danse ; cependant, il s’en souviendra ou pas, selon sa faculté à établir des relations entre le son et l’image.
Né en 1978 à Guadalajara, où elle vit.
Une édition du livre Histoire des variations écrit par Jacques Béninge Bossuet (1627-1704), est le point de départ d’une série de travaux développés par Cynthia Gutiérrez au cours de sa résidence au Frac. Ici, une réplique en plâtre blanc du livre fermé est posée sur un socle en bois brut, tel un objet sculptural. L’artiste s’intéresse, dans cet ouvrage, aux traces laissées par le temps : de petits trous formés par les mites dans l’épaisseur du papier. Dans la vidéo où l’on voit se feuilleter les pages, comme dans les impressions sur le mur, ces détails du livre, aggrandis, deviennent une forme abstraite et mettent en évidence non seulement le déplacement des insectes à travers le papier, mais aussi l’absorption du temps, l’usure physique et historique, de l’ouvrage.
Parallèlement, Cynthia Gutiérrez s’est intéressée à certaines œuvres de la collection du Frac, jamais présentées depuis leur acquisition. Les œuvres choisies ont été transportées des réserves à la salle d’exposition, pour être présentées momentanément, puis réemballées, laissant seulement derrière elles des traces subtiles. Une sélection d’œuvres est symbolisée par des clous qui ont permi de les accrocher un court instant, tandis que d’autres, en trois dimensions, sont matérialisées par une pile de gants blancs moulés dans la résine. Ces gants devenus sculptures évoquent la manipulation des œuvres, de leur sortie à leur retour dans les réserves du Frac, à nouveau invisibles pour le public.
Né en 1983 à Mexico, où il vit.
Le travail de Gabriel Rosas Alemán revisite les valeurs plastiques présentes dans certaines actions et pratiques sociales, ainsi que la façon dont elles s’adaptent ou transforment les espaces dans lesquels elles se déroulent. Il s’intéresse, explore et analyse des pratiques axées sur des actions réalisées en un temps donné, qui produisent des œuvres immatérielles et des gestes éphémères.
Au Frac, Gabriel Rosas Alemán utilise une méthode appelée « technique modulaire » pour construire des sculptures basées sur la répétition de textes et de mouvements. Ces sculptures qui, pour exister, ne nécessitent que corps et espace, impliquent à la fois celui qui produit et celui qui contemple. On peut ainsi parler d’expériences sculpturales.
La performance - présentée le soir du vernissage - utilise la voix comme un outil pour représenter un objet sculptural immatériel. Même si un objet reconnaissable est décrit dans différents formats, sa forme réelle existe lorsqu’il se déplace, se multiplie et disparaît.
Le chœur de trente voix qui réalise la performance, représente la complexité que peut atteindre l’objet sculptural influant dans l’espace, par une présence physique importante ainsi que des voix puissantes.
L’Histoire retient des événements pouvant dater d’hier comme d’il y a deux siècles – ces derniers étant parfois subjectifs, comme la création et la consécration– qu’ils soient ou non consignés par écrit. Cependant, les spéculations des artistes, basées sur leurs recherches un peu obsessionnelles, créent les récits fondateurs de ce processus d’investigation. L’ensemble des rumeurs, des contradictions, et surtout des questionnements, ouvre le champ de la perception à de possibles restitutions, réinterprétations, re-créations et relectures des pages manquantes.
…
En revanche, la mise en œuvre – directe ou indirecte – de stratégies, de formes et de supports divers permettra de comprendre une démarche consistant à aborder des situations, des conditions, des histoires, ou des événements lointains sous plusieurs angles, et à les compléter temporairement. La réflexion et les solutions mises en œuvre par les artistes leur permettront d’explorer des contextes irrésolus produisant, plus qu’une vérité ou une fiction, un champ imaginaire de reconstitution symbolique.
…
Compte tenu de l’espace temporel de la résidence, le catalogue se présentera comme un journal de ces works in progress, et servira précisément de plateforme de réflexion et de recueil d’éventuelles contradictions. Par le déplacement des méthodes de chaque artiste, et les logiques communes mises en place, des univers troublants surgiront, tant sur le plan intellectuel, créatif, que sur celui de la performance. »
(Daniela Pérez, extraits)
Andrea Chirinos
Diego Berruecos
Gabriel Rosas Alemán
Jorge Satorre
Cynthia Gutiérrez
cliché : Cyprien Tellier - © Frac des Pays de la Loire