Frac



Exposition
Frédéric Malette : Dessins

visite le 16 octobre, le 20 novembre
et le 9 décembre 2014
CHU Angers

Frédéric Malette : Dessins

Exposition au service de Réanimation Médicale, CHU d'Angers

du 8 octobre 2014 au 20 janvier 2015

Trois visites/rencontres sont proposées autour de cette exposition dans le service de réanimation médicale en partenariat avec le Fonds régional d’art contemporain des Pays de la Loire :

Jeudi 16 octobre 14h à 15h30

Jeudi 20 novembre 14h à 15h30

Mardi 9 décembre 14h à 15h30


Frédéric Malette sera présent à ces horaires dans le service de réanimation médicale pour échanger avec vous au sujet des œuvres exposées. Ces temps de présence nourriront également son travail de création en cours et donneront naissance à de nouveaux dessins que vous pourrez découvrir lors de son prochain passage dans le service.

L’exposition est à découvrir dans le service de réanimation médicale du CHU d’Angers jusqu’au 20 janvier 2015.


CHU Angers

4 rue larrey
49933 Angers cedex 9


Depuis 2 ans, le Fonds régional d'art contemporain des Pays de la Loire (Frac) met en place en partenariat avec le CHU d’Angers et l’association Entr’Art des expositions d'artistes contemporains au sein du service de Réanimation Médicale du CHU. Pour le service de réanimation médicale, cette ouverture à une présence artistique participe du souhait, dix ans après l’ouverture du service, d’améliorer encore l’accueil de l’entourage des patients et d’ouvrir le service sur l’extérieur.

Après avoir proposé un focus sur des pratiques artistiques : l'installation avec Nathalie Dubois, la photographie avec Olive Martin, la peinture avec Pascale Rémita, c'est autour de Frédéric Malette d'exposer ses travaux centrés sur la question du dessin.

L'artiste a bâti un projet basé sur la rencontre et l'échange avec les personnels du service. Evoluant au gré des semaines, l'exposition rendra compte au fil du temps, des œuvres réalisées spécifiquement autour des échanges et discussions avec les équipes.

Pour le premier accrochage , début octobre, l'artiste a travaillé à partir de plusieurs axes.

Le premier : faire éclore les troubles entre réalité et illusion et ainsi aborder la question du coma comme monde intérieur où réalité et illusion sont imbriquées. Pour figurer ce trouble, l'artiste a travaillé sur des images brouillées qui se révèlent à partir de différentes strates de calques. Habitué à dessiner sur des supports papiers opaques, ce projet au sein du service de réanimation lui a donné envie d'explorer ce nouveau matériau qui joue sur la confusion entre ce que l'on montre et ce que l'on dissimule (série Les Oasis). Ces images brouillées s'offrent aussi comme des sortes de réminiscences, avec ce que l'on croit être ou avoir été, le temps est passé par là, effaçant les détails, transformant quelque peu la réalité de ce qui a été.

La notion du temps a également été essentielle pour Frédéric Malette dans le projet qu'il présente ici. Le temps d'attente des familles, le temps de l'urgence pour les équipes médicales, et ces temps distendus pour les malades. Comme des sabliers.... ces cadres remplis des restes de gommages parlent du temps qui passe, de l'avant et de maintenant. Accumulées derrière leurs vitres, ces miettes de gomme sont aussi une façon d'introduire ici la question de la matière (après celle du calque). Pour Frédéric Malette le dessin ne se résume pas au seul trait. Le geste : celui de tracer comme de gommer mais aussi la matière accumulée (les miettes de gommes), sont une manière d'évoquer la réalité de sa pratique et de son travail. Ces cadres révèlent également l'intérêt de Frédéric Malette pour l'objet et la sculpture dans une pratique pourtant centrée sur le dessin.

Pour un artiste être invité dans un service médical comme le service de réanimation, c'est aller à l'intérieur d'un monde que l'on ne connaît pas. Pour évoquer cet ailleurs et l'inconnu, l'artiste a choisi de travailler à partir d'image de la Planète Mars. Des bribes de différents éléments se superposent pour mieux brouiller l'identification dans un espace connu et identifiable, la perte de repères en premier lieu est totale. Il faut du temps pour se situer, apprivoiser les lieux.

L'artiste a souhaité ici aussi aborder une question fondamentale : celle de l'identité et des origines, sujet très présent dans son travail. Et c'est un des berceaux de l'humanité qu'il évoque avec la série Atlas, représentant ces montagnes qui traversent l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Dans la mythologie grecque, cette montagne supportait la voute céleste. En choisissant ce sujet, l'artiste pose la question de l'héritage. Notre société occidentale s'est en effet construite sur les legs de la civilisation grecque, ce legs qui a ensuite été transmis en Afrique du Nord lors de la période de la colonisation. Alors qu'aujourd'hui se pose des questions majeures sur ces territoires, l'artiste réenvisage le passé pour mieux saisir le présent et sa complexité.


Texte sur l'artiste

Par sa pratique, Frédéric Malette contribue à une relecture critique du monde et de son histoire. Ses dessins sont réalisés à la mine de plomb. Petits formats et grand formats se côtoient, offrant à l’artiste des terrains de jeux différents. Aux petits formats le jeu de la précision d’un dessin, d’une finesse et d'une adresse méticuleuses, aux grands formats le terrain d’une expression plus mouvementée, où le geste du crayon et celui de la gomme sont empreints de l’énergie du corps.

Les supports des dessins utilisés par Frédéric Malette sont le plus souvent des feuilles blanches desquelles semblent surgir ses sujets ; le support immaculé du papier encadre l’image tout en donnant l’impression que cette surface non dessinée, « vierge » est en suspens, voire provisoire. C’est une des habiletés de ce médium, le dessin ne s’impose pas de manière autoritaire. « Le dessin souvent associé à l’inachevé, se manifeste comme un lieu de résistance, voire de défiance au spectaculaire, à la consommation. » écrit à son propos Claude Stoulig. Dans leur résistance à se donner prestement, les dessins de Frédéric Malette appellent un regard observateur, ses œuvres étant constituées la plupart du temps d’éléments hétérogènes et multiples. Photographies familiales, ou anonymes puisées dans les archives de l’histoire ou dans l’actualité, sont disséquées, fragmentées, isolées puis ré-associées à d’autres. Le réel nourrit toujours les fictions pour les rendre plus vibrantes.

Les séries de dessins qu’il constitue les unes après les autres construisent des fragments de récits, révèlent des pans d’histoires, traversent l’Histoire. Ses plus récents travaux ont en trame de fond le destin d’hommes et de femmes partis d’Europe pour vivre dans les colonies du continent africain. Après avoir tout gagné à vivre dans ces nouveaux paradis, ils ont laissé derrière et loin d’eux, leurs plus belles années, se résignant à renoncer à l’Éden d’un quotidien à jamais fantôme. Cette histoire a traversé le destin de la famille de l’artiste comme bien d’autres parcours. Elle resurgit dans le travail gorgée de questionnements sur une Afrique fantasmée par un Occident aveuglé par ses rêves d’exotisme, sa quête de pouvoir, de domination, et sa croyance aveugle en son modèle de société. L’artiste revient sur les traces irrémédiables de cette Histoire que les conflits actuels ne cessent de nous rappeler, sur « les incohérences d’un monde toujours plus chaotique». 

Texte de Vanina Andréani, septembre 2014


Ce projet initié par le CHU d’Angers, l’association Entr’Art et le Frac des Pays de la Loire s'inscrit dans le programme national « culture & santé » porté conjointement par le ministère de la culture et de la communication et le ministère de la santé et bénéficie à ce titre du soutien de l’État - Direction régionale des affaires culturelles et de l’Agence régionale de Santé des Pays de la Loire ainsi que de l’association RRMMH.