Frac



Atelier
Atelier/résidence

avec Bevis Martin et Charlie Youle
à l'Université d'Angers
2015/2016

Un projet de Bevis Martin et Charlie Youle avec les étudiants de l’ESTHUA, Université d’Angers
en partenariat avec le Frac des Pays de la Loire.


A la rentrée 2015, c’est un duo d’artistes anglais vivant à Nantes depuis plus de dix ans qui a été invité durant trois mois au sein de l’UFR ESTHUA Tourisme et Culture à l’université d’Angers : Bevis Martin et Charlie Youle. Les artistes dont l’œuvre atteste d’un intérêt constant pour la transmission des savoirs, proposent de mettre en place des ateliers, invitant les étudiants à regarder les reproductions d’œuvres puisées dans la collection du Frac des Pays de la Loire.

Réinventant le « cadavre exquis» qu’affectionnaient les surréalistes, Bevis Martin et Charlie Youle instaurent un jeu, une sorte de « téléphone arabe » visuel. En effet après avoir observé l’image d’une œuvre de la collection, ils demandent aux participants de la redessiner de mémoire en quelques minutes, puis de passer son interprétation au voisin, qui doit appliquer la même consigne : esquisser ce qu’il a retenu dans le croquis précédent et le confier à un autre étudiant, ainsi de suite. A chaque étape des transformations s’opèrent, au fur et à mesure de la progression, chaque participant creuse un peu plus l’écart avec le modèle. Ateliers de dessins, mais aussi d’écriture et de modelage sur le même principe sont mis en place à l’ESTHUA.

Bevis Martin et Charlie Youle posent une question essentielle : qu’est-ce que l’on voit ? « Notre regard est sous influence » disent-ils, ils proposent ici d’oublier nos a priori et nous entraînent à accepter une autre manière de regarder les œuvres. Instillant un processus naturel d’évolution et expérimentant un procédé de mutation, les artistes infusent aux formes un processus de transformation. Entre l’œuvre originale et son pendant réalisé en écho par Bevis Martin et Charlie Youle alors que la métamorphose a eu lieu, géométrisation et simplification sont évidentes. Cela est souvent le cas : la mémoire ne peut retenir autant de formes indéfinies. Failles, oublis, erreurs s’immiscent dans les différentes étapes. Malgré cela, des éléments résistent et persistent dans l’ultime croquis, celui de la “maquette” de l’œuvre à réaliser.


Dans ce travail le duo s’applique à un jeu complexe de transpositions d’un modèle qu’il n’a pas lui-même dessiné. Comment traduire ces dessins réalisés par les étudiants ? Opter pour quels matériaux, choisir quelles couleurs, se fixer quels formats ? Une chaîne de réflexions s’engage ponctuée de gestes plus spontanés. Chaque œuvre est un cas particulier. Une suite d’interprétations qui donne lieu à des résolutions adaptées. Pour ce projet, ils ont usé du paradoxe et de l’antinomie. Un petit dessin d’Emmanuel Pereire devient une sculpture en plâtre de grand format, l’œuvre en feuille de plomb de Dominique Arel devient une tenture en tissus… Bevis Martin et Charlie Youle privilégient ici matériaux et techniques différents : comme si chacune des douze œuvres produites l’était par un artiste à chaque fois différent. Ils reposent ainsi la question de l’auteur très présente dans leur travail, et de fait inhérente à la nature même d’un binôme. Mais ici de manière encore plus affirmée, ils brouillent les pistes, devenues labyrinthiques. En effet, du point de départ : l’œuvre d’un autre artiste, en passant par le processus d’évolution confié à environ sept étudiants différents, jusqu’à la production finale confectionnée à quatre mains, ils révèlent les maillons d’une chaîne d’influences et d’absorption. Ils déroulent le processus même de création : le passage de l’idée à la forme et le brouillage d’inspirations plurielles.


Pour chaque œuvre réalisée par le duo, un modèle donc préexiste : une œuvre puisée dans la collection du Frac. Pour établir cette sélection, les artistes ont été guidés par une idée : privilégier des peintures et des sculptures aux formes ambiguës, ni complètement abstraites, ni figuratives. Quand on n’identifie pas précisément le motif, on peut déjouer les réflexes. En effet si après avoir regardé l’œuvre, on retient qu’il y a une chaise au centre du tableau, la chaise ne sera jamais effacée malgré les différentes interprétations. Lorsque la forme est plus indéfinie, la mémoire est moins efficace. D’autres critères ont aiguillé les choix : époques et styles différents et auteurs aux parcours très divers. Enfin ils ont privilégié des œuvres d’atelier, confectionnées par les artistes : pas de ready made, aucune photo, ni vidéo, mais un inventaire de gestes et de savoir faire.

Vanina Andréani


Cette résidence à donner lui à l'exposition Natural Selection, présentée à la Galerie 5, Angers du 17 décembre 2015 au 5 mars 2016.


Cette résidence d’artistes a été mise en place au cœur de l’université d’Angers de septembre à décembre 2015. Elle a été impulsée par le Frac, la Direction de la Culture et des Initiatives de l’Université d’Angers, et rendue possible grâce au soutien de la DRAC des Pays de la Loire. L’université d’Angers renouvelle un accueil en résidence en septembre 2016.