Frac



Exposition
Instantané (93)
Elodie Brémaud
LES SUIVANTS
ou les limites de nos capacités

du 1er mars au 7 mai 2017
Frac, Carquefou

# épisodes 1 & 2 : Le facteur Ulysse & Les Anormaux

Le voilier Token Clash est parti le 24 septembre 2015 de Nantes.
Préparation. Action. Avarie. Fuite.


Avec le soutien du Cnap, Centre national des arts plastiques (soutien pour une recherche artistique) de l’Institut Français et de la Région des Pays de la Loire.
Avec la participation du Centre Pompidou, « Hors Pistes ».


Le catalogue de l'exposition


Le 4 octobre 2015, le TOKEN CLASH, le bateau sur lequel s’étaient embarqués la plasticienne Elodie Brémaud et son coéquipier marin Eric Poiraud casse sa barre au large des Asturies, après quelques jours à peine de voyage. Ainsi s’achevait prématurément la tentative qu’ils préparaient depuis plus d’un an et qui devaient les mener jusqu’à l’Antarctique, au cours duquel l’artiste prévoyait de créer une bibliothèque mobile, réaliser des entretiens avec les navigateurs rencontrés en chemin, entretenir une correspondance avec le Frac des Pays de la Loire et poursuivre une réflexion qu’elle mène depuis plusieurs années autour de l’acte artistique.

Comble de l’ironie – ou sens de l’histoire ? – ce périple les menait sur les traces d’une autre expédition malchanceuse, celle d’Ernest Shackleton, explorateur malheureux qui chercha en vain à traverser à pied, un siècle plus tôt, l’Antarctique, et dont le bateau, l’Endurance, fut broyé par les glaces. De cette déroute qui dura finalement trois ans et dont il parvint à revenir sain et sauf avec ses hommes d’équipage, nous ne conservons que les images prises par le photographe du bord et les journaux personnels écrits par les membres de son équipage à sa demande expresse.

Ce sont donc bel et bien les traces d’un échec qu’on suivi les aventuriers, échec cuisant mais non dénué de sens pour une artiste qui n’a eu de cesse d’interroger l’économie paradoxale du geste artistique, la notion de défi sans autre enjeu que l’acte lui-même, la tentative comme non achèvement radical. Préparation, action, avarie, tels sont les trois premiers chapitres d’un projet qui, du point de vue du temps passé à la préparation rapporté au temps d’action, apparaît comme pure dépense, pur désastre. Aux trois premiers, Elodie Brémaud ajoute cependant un quatrième chapitre à son exposition au FRAC des Pays de la Loire, suivant en cela l’exergue de L’Eloge de la fuite de Henri Laborit :
« Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. »

Cette fuite a pris la forme d’un déroutage, à savoir une traversée de l’Amérique latine jusqu’à Punta Arena, au large de l’Antarctique, au cours duquel l’artiste a poursuivi ce qu’elle n’a jamais perdu de vue, à savoir le récit. C’est ce récit que les visiteurs sont amenés à découvrir dans la cale reconstituée du Token Clash, à travers les voix d’actrices, de vidéos, de diagrammes et de retranscriptions des réactions provoquées par le naufrage.

Julien Zerbone


Les Suivants est une action d’Elodie Brémaud, diplômée de l’école des Beaux-Arts d’Angers en 2009 et qui vit actuellement à Nantes.
Intéressée par les explorations, les expéditions, les aventures, l’artiste ne vise cependant jamais l’exploit, la performance au sens strict du terme. Au contraire, à travers des gestes, des actions, des voyages absurdes et souvent solitaires, elle cherche à donner corps à la notion de défi en tant que dynamique intrinsèque à l’action, hors de toute efficacité.
Nourrie des pratiques performatives des années 60, notamment Fluxus, la jeune artiste se joue sans cesse des contraintes et possibilités du médium et de l’institution artistique, interroge les dynamiques collectives, les modalités de récit, le rôle de l’imaginaire dans nos conduites. Entre fictions évocatrices et documentation, ses productions jouent volontiers avec les registres de l’indice, de l’empreinte, voire de l’emprunt.

Leur but : approcher le continent austral, tout en étant conscients des limites de leurs capacités.

Leur objectif : réaliser une pure tentative, sans achèvement possible, mener une investigation au long cours autour des notions de défi et d’exploration, en tant que puissances du récit, de la fabulation ; déconnectés de leur principe habituel de validation, à savoir le dépassement de soi ou le caractère exceptionnel du but que l’on se fixe.


ÉPISODE I : PRÉPARATION
ÉPISODE II : ACTION
L’expédition Les suivants, devait s’engager dans le sillage de l’endurance mené par Ernest Shackleton, explorateur du début du XXe siècle.
Protocole : partir avec un coéquipier sur un voilier de 10 m.
Chercher à mettre un pied sur le continent Antarctique.

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Outre la création d’une bibliothèque mobile, l’expédition devait être l’occasion de poursuivre une réflexion sur l’histoire de l’action comme geste artistique et plus particulièrement d’analyser le rapport qu’elle entretient avec la notion de défi.
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ÉPISODE III : AVARIE
4 octobre 2015 : LA BARRE DE TOKEN CLASH NOUS LÂCHE.
Nous sommes hélitreuillés par les secours espagnols et ramenés à terre.
C’est une évidence soudaine, 100 ans plus tôt en octobre 1915, Shackleton abandonne l’Endurance.
Partis sur les traces d’une expédition échouée, nous sommes fatalistes.
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96% du temps engagé dans l’expédition a été consacré à la préparation.
LA PART MAUDITE
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ÉPISODE IV : FUITE
décembre 2015 > février 2016
Buenos Aires > Valparaiso > Ushuaïa > Buenos Aires
NOUS AVONS FUIT ET NOUS AVONS APPRIS QUE LA FUITE ÉTAIT LA SEULE ACTION POSSIBLE ET SALVATRICE.
LE FATALISME EST ANÉANTI.


 site de l'artiste

http://www.elodiebremaud.com/




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