vue de l'exposition Nathalie Dubois et Frédéric Bouffandeau "PAPAVER et MONSTERA", Saint-Hilaire-de-Riez
Sur une proposition du Frac des Pays de la Loire, les artistes Nathalie Dubois et Frédéric Bouffandeau sont invités à présenter un ensemble d’œuvres récentes qu’ils mettent en écho dans l’espace d’exposition de la médiathèque.
Place de l'Eglise
85270 Saint-Hilaire-de-Riez
https://www.sainthilairederiez.fr
Horaires d'ouverture :
lundi, mardi : 14h-18h
mercredi : 10h-12h30 et 14h-18h
jeudi : 10h-12h30
vendredi : 14h-20h
samedi : 10h-18h
Depuis ses premiers travaux, l’artiste privilégie les installations, les décors à traverser ou expérimenter.
Dans un incessant aller-retour intérieur/extérieur, Nathalie Dubois s’interroge sur ce que, en tant qu’être humain aux parcours singuliers, nous partageons. Cet espace commun, mais hors du commun, de nos existences.
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Nathalie Dubois riche de son double parcours (diplômée de l’école des beaux-arts de Marseille et de l’école du paysage de Versailles), développe une pratique du dessin, de la peinture et de la sculpture en se posant sans cesse ces questions : quelle nature représenter ? Que raconte-t-elle de la relation de l’Homme à son environnement ?
Dans ses grand formats, elle oscille entre rapidité, vibration de la touche picturale et précision du trait de crayon. Dans ses dessins aucun paysage ne vient donner une échelle, un cadre, une stabilité, un enracinement... les végétaux libres jouent de leur asymétrie. L’entremêlement des lignes, leur superposition et les variations colorées lient désordre, harmonie, tensions, chutes. Cette nature coupée de sa terre, s’offre dans sa beauté et son énergie. Natures Mortes ou vivantes ? Nathalie Dubois revisite ce genre qui n’a eu de cesse de se réinventer à travers les siècles.
Jusqu’au 17ème siècle, pour désigner ces tableaux, on parlait de «nature reposée», de «choses mortes et sans mouvement», de «vie immobile» ou «silencieuse». La dénomination de «nature morte» ne sera retenue qu’à partir de 1756, en France. Sujet à la fois de mépris et de fascination, la nature morte tient la dernière place dans la hiérarchie des genres mise en place par l’Académie sous l’Ancien Régime. C’est cela qui en fera son intérêt pour les artistes de la fin du 19ème siècle comme Cézanne qui souhaitent rompre avec ces principes jugés trop rigides. La nature morte se prête alors parfaitement aux recherches plastiques des peintres sur l’espace, les formes et les couleurs.
Tout au long du 20ème siècle, la Nature morte sera « consacrée ». Elle permet de dresser un état des lieux du rapport de l’Homme aux objets et à la nature. En ce début de XXIe siècle, le sujet est réenvisagé à l’aune des inquiétudes actuelles.
Est-ce pour sonder la santé de ces relations que Nathalie Dubois utilise des négatoscopes, écrans lumineux qui permettent de lire des radiographies ? L’artiste a commencé à détourner et recycler du matériel médical en 2016 lors d’une résidence de création au CHU d’Angers (au Département de soins de suite). Du commun, du banal, Nathalie Dubois fait émerger une nature sophistiquée et domestiquée. Depuis la
nuit des temps - que l’on songe aux peintures romaines, à l’architecture médiévale ou à l’Art Nouveau - les hommes glanent dans la nature les plus beaux ornements de l’architecture et de la peinture. La nature ne serait-elle qu’un décor ? Un artifice ? Les jardins aménagés par l’homme pour la contraindre à ses besoins et ses goûts illustrent bien cette relation de main mise, de transformation et de domination.
Depuis ses premiers travaux, l’artiste privilégie les installations, les décors à traverser ou expérimenter, oppressants, mystérieux, labyrinthique, comme les bois imaginaires de nos contes d’enfants ou les jungles des origines de l’humanité. Ces installations se traversent ainsi, telle une fable sur le temps. Nathalie Dubois s’interroge sur ce que, en tant qu’être humain aux parcours singuliers, nous partageons. Cet espace commun, mais hors du commun, de nos existences.
«Je parle de pierres qui ont toujours couché dehors ou qui dorment dans leur gîte et la nuit des filons. Elles n’intéressent ni l’archéologue ni l’artiste ni le diamantaire. Personne n’en fit des palais, des statues, des bijoux ; ou des digues, des remparts, des tombeaux. Elles ne sont ni utiles ni renommées. Leurs facettes ne brillent sur aucun anneau, sur aucun diadème. Elles ne publient pas, gravés en caractères ineffaçables, des listes de victoires, des lois d’Empire. Ni bornes ni stèles, pourtant exposées aux intempéries, mais sans honneur ni révérence, elles n’attestent qu’elles.» Roger Caillois.
Sorti de l’école des Beaux-Arts d’Angers en 1996 (où il a été l’élève de Philippe Cognée et de Jean-Pierre Pincemin), Frédéric BOUFFANDEAU a développé un travail personnel autour de la couleur et de formes non-géométriques.
Issu d’une formation de peintre, il cherche à se dédouaner de « la matière peinture » afin d’explorer les couleurs pour elles même. C’est à travers cette ambition, qu’il développe un travail autour du collage, où il se joue des superpositions de papiers transparents, plutôt que de l’empattement de la matière peinture.
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Frédéric Bouffandeau travaille à partir d’une forme unique qu’il a dessinée comme une ode au nymphéa, fleur dont l’impressionniste Claude Monet a immortalisé la beauté. Pochoir matriciel aux formes irrégulières qui tend à se rapprocher de la figure du cercle, il permet à l’artiste qui le déplace sur la feuille ou la toile, d’esquisser un motif. Matrice fondamentale et centrale dans l’œuvre de Frédéric Bouffandeau, cette forme se multiplie, se déplace, se fragmente ou se superpose, générant des combinaisons infinies dont les référents semblent tout autant provenir du registre du végétal que de l’organique.
« Regarder une œuvre de Frédéric Bouffandeau, la regarder vraiment, c’est se laisser porter par l’aventure des lignes et des formes voyageuses. C’est nager entre deux eaux, entre deux strates, entre deux surfaces, sans savoir tout à fait où l’on est. Pour le savoir, il faudrait des limites, des frontières… » écrit à son propos Pierre Watt.
Si la déclinaison de cette forme semble offrir des combinaisons illimitées, la couleur étend plus encore le spectre des possibles. Dans ces arrangements entre formes et entre-formes, vides et pleins, rythmes et harmonies colorées ajoutent au dynamisme et à la force du mouvement.
Les différents supports, techniques et médiums que l’artiste utilise concourent à former des ensembles intrinsèquement liés et participent à la grande cohérence d’une œuvre qui se renouvelle sans cesse. Dessins uniques ou présentés superposés (jouant avec la transparence des papiers de soie), peintures sur toiles déclinées en série, sculptures en aluminium, ou encore néons, l’exposition à la médiathèque de Saint-Hilaire-de-Riez permet au public d’appréhender une diversité de travaux produits par l’artiste ces dernières années.
Les dessins associant plusieurs feuilles de papier de soie superposées décomposent les strates dont la peinture est traditionnellement constituée. Cet ensemble d’œuvres révèle des contrastes : d’abord de couleur – puisque le papier de soie en recouvrant le motif, atténue les teintes autant qu’elle dissout les contours – mais aussi de matière, jouant sur l’opposition entre transparence et opacité.
Avec la série de dessins en néons, ces tubes colorés dont les lignes qui par leur éclairement rendent le trait vaporeux, la forme s’étend par delà ses limites. Un déploiement de la peinture dans l’espace qui se prolonge avec un ensemble de sculptures aux échelles variées en aluminium laqué, que l’artiste réalise depuis 2013. Un développement nouveau du travail autour des variations de sa forme-matrice puisqu’ici pliée tel un origami, elle offre de nouvelles combinaisons.
En adoptant le principe de la répétition, Frédéric Bouffandeau produit une œuvre d’une infinie richesse et amplitude.
Nathalie Dubois :
http://nathalie-dubois.com/
Frédéric Bouffandeau :
https://fredericbouffandeau.webnode.fr/
@nathalieaudreydubois
@fredericbouffandeau
@bouffandeaufrederic