Vue de l'exposition : Between sharing and caring, 2007
© Pilvi Takala - Frac des Pays de la Loire
S’intéressant aux structures productrices d’identité, la jeune artiste finlandaise aime à questionner dans ses dispositifs plastiques la communication, ses ressorts et ses ambiguïtés. Les codes traditionnels liés au genre et au groupe social sont une des préoccupations majeures du travail de Pilvi Takala. L’enfance et l’adolescence font partie des champs d’investigation de l’artiste, au même titre que le quotidien, l’univers des jeunes filles ou celui des majorettes...
En révélant les conditions et les marques d’appartenance ou de reconnaissance à un groupe, Pilvi Takala pratique une déconstruction des rôles, des apparences et des masques. Ses vidéos opèrent par le renversement des points de vue, l’une d’entre elle met en scène une jeune femme qui, prêchant les vertus du dialogue et de la générosité, monopolise dans la même action le temps de parole. Une part de l’œuvre de Pilvi Takala consiste en des interventions dans l’espace public par le biais de différents systèmes de signes, mettant en jeu les notions de langage et de traduction.
Comme l’on pourrait parler de géographie, l’artiste explore les territoires du public et du privé, à travers des rapports d’extérieur et d’intérieur, de frontières. A la manière d’une enquête sensible, Pilvi Takala procède par entrismes et infiltrations. Ses performances participent souvent de l’insertion d’un élément étranger dans un contexte déterminé, dans le but de provoquer une perturbation. Séjournant dans le voisinage d’une école publique de Glasgow, Pilvi Takala vêtue de l’uniforme de l’école, se balade dans ses environs en attendant les conséquences et les réactions à son incursion dans cette aire communautaire très codifiée. Dans un journal de bord, elle y raconte toutes ses observations et retrace tous les contours de ce déplacement topographique et social.
L’artiste use notamment de données et d’éléments folkloriques pour faire apparaître la complexité des échanges et des comportements. A Istanbul, elle prend comme sujet d’étude des cafés turcs où règne l’omniprésence masculine. En Estonie, lors de galas de danse destinés aux touristes finlandais, Pilvi Takala, du seul fait qu’elle n’est pas accompagnée, distille le trouble parmi les couples de danseurs. Les pièces de l’artiste développent un jeu interrogeant les règles culturelles, dans tout ce qu’elles ont d’implicite et ce qu’elles supposent d’aliénations et de contradictions. A la croisée, celles-ci constituent les lieux d’un dévoilement de réalités intimes et collectives.