Vue de l'exposition Gerard Byrne, "A late evening in the future". Cliché: Franck Tomps
Vue de l'exposition Gerard Byrne, "A late evening in the future". Cliché: Franck Tomps
Vue de l'exposition Gerard Byrne, "A late evening in the future". Cliché: Franck Tomps
Vue de l'exposition Gerard Byrne, "A late evening in the future". Cliché: Franck Tomps
Vue de l'exposition Gerard Byrne, "A late evening in the future". Cliché: Franck Tomps
Vue de l'exposition Gerard Byrne, "A late evening in the future". Cliché: Franck Tomps
Gerard Byrne, extrait du film "A thing is a hole in a thing it is not", 2010.
Courtesy of Lisson Gallery, London ; Nordenhake Gallery, Stockholm ; and Green on Red Gallery, Dublin
Le Frac des Pays de la Loire accueille du 5 juillet au 21 septembre 2014 la première exposition monographique de Gerard Byrne en France, A late evening in the future. Entre installation et exposition rétrospective, l’artiste irlandais présente à Carquefou un grand nombre d’œuvres majeures réalisées ces dix dernières années.
Cette exposition est proposée dans le cadre du parcours Songe d’une nuit d’été Parcours art contemporain et patrimoine en vallée de la Loire, mars-novembre 2014
Gerard Byrne a consacré sa carrière à réexaminer notre histoire culturelle : ses mises en scène filmiques finement documentées voient débattre des personnalités du XXe siècle – artistes, écrivains, hommes d’affaire – de questions sociales et politiques de leur époque. La matière première de ses dialogues et conversations, Byrne va la chercher dans l’univers médiatique de sa jeunesse, que ce soit l’édition, la télévision ou la publicité. Ainsi, 1984 and Beyond (2005-2007) évoque l’Amérique des années 60 et sa vision du futur, par le biais d’une discussion organisée par Playboy en 1963, et qui réunit quelques-unes des figures majeures de la science-fiction telles que Isaac Asimov ou Ray Bradbury. Au beau milieu de cette époque troublée, cette compagnie virile anticipe, en toute confiance, la fin du communisme, les voyages intersidéraux, une société d’abondance et une totale liberté sexuelle. Evoquant l’avenir non advenu d’un passé révolu, la scène fascine autant qu’elle dérange.
Le XXe siècle de Byrne est peuplé d’hommes, et ceux-ci parlent principalement d’art et de sexe (de femmes), entre aspirations à la révolution et conservatisme moral. A thing is a hole in a thing it is not convoque, à travers des épisodes notoires de son histoire, quelques-uns des acteurs majeurs du minimalisme et de la modernité artistique américaine : Robert Morris, Tony Smith, Franck Stella, découvrent, discutent et mettent en œuvre une nouvelle vision de l’œuvre d’art, pur objet dans l’espace. Dans A Man and a Woman make love (2012), un groupe de surréalistes phallocentrés – parmi lesquels André Breton et Raymond Queneau – dissertent doctement du plaisir et des mystères de l’orgasme féminin. Mis en scène sur un plateau de sitcom dans une ambiance très « Belle époque », ce dialogue publié en 1928 dans la Révolution surréaliste n’en paraît que plus choquant. On devine, entre ces deux questions, celle de l’objectivité des formes et celle de l’assujettissement des femmes et des peuples, une volonté commune de contrôle, une complicité, qui marquent de leur empreinte notre histoire culturelle.
Volontiers théâtralisés, les films de Gerard Byrne brouillent sans cesse la frontière entre document et fiction, entre Histoire et histoires. Au Frac des Pays de la Loire, l’artiste a décidé de les remettre en jeu dans une scénographie qui emprunte tant au langage de la sculpture minimaliste, à la ruine romantique qu’à la scène de théâtre. La grande salle, plongée dans la pénombre, est ponctuée de dalles monumentales appuyées les unes sur les autres et de dispositifs de visionnage. Les dalles et les écrans s’animent et s’éteignent, les films se fragmentent au gré des commutations opérées par le logiciel pilotant l’ensemble et des pérégrinations du visiteur. Quelque part dans l’espace trône la reconstitution de l’arbre blanc créé par Giacometti pour une mise en scène de En attendant Godot de Samuel Beckett. C’est au même auteur qu’est emprunté le titre de l’exposition : « Un soir, tard, d’ici quelque temps » est la première indication de La Dernière bande, qui voit Krapp, écrivain raté et clochardisé, soliloquer en réécoutant une vieille bande magnétique, sorte de journal témoignant des « beaux jours de bonheur indicible » interrompus par une rupture désolante. A l’exemple du plateau beckettien, l’exposition de Gerard Byrne se veut un espace crépusculaire et énigmatique voué au ressouvenir, soumis à un ordre aléatoire et discrétionnaire. Il incombe alors au spectateur-arpenteur de reconstruire du sens à partir des narrations modernistes savamment déconstruites par l’artiste.
Julien Zerbone
Gerard Byrne (né en 1969)
En 2012, il a été invité à la Documenta à Kassel. En 2007 il a représenté l’Irlande à la Biennale de Venise.
Il a aussi participé à des Biennales internationales comme celles de Gwangju et Sydney en 2008, Lyon en 2007, la Tate Triennial en 2006, et la biennale d’Istanbul en 2003.
Des expositions personnelles ont été présentées à ICA Boston et au Statens Museum for Kunst, Copenhagen (both 2008), au Dusseldorf Kunstverein, au the Charles H. Scott Gallery, Vancouver (2007), au Frankfurter Kunstverein (2003) et à la Douglas Hyde Gallery, Dublin (2002).
En 2006, il a reçu le prix Paul Hamlyn. Il est représenté à Londres par la Lisson Gallery, à Dublin par la Green on Red Gallery, et à Stockholm par la Galerie Nordenhake.
Il vit à Dublin et enseigne à la Royal Danish Academy of Fine Arts à Copenhague.
Gerard Byrne est représenté par la Lisson Gallery à Londres,
la Nordenhake Gallery à Stockholm et la Green on Red Gallery à Dublin.