Frac



Exposition
Instantané (98)
Camille Girard &
Paul Brunet
Je suis devenu une chaise, une amie, un pied, le nez, le pot et le chien.

du 17 novembre 2018 au 27 janvier 2019
Frac, Carquefou

Le Frac des Pays de la Loire invite Camille Girard & Paul Brunet du 17 novembre 2018 au 27 janvier 2019 dans le cadre des Instantanés. Ce dispositif permet à des artistes de produire leur première exposition personnelle ou de confirmer une pratique déjà engagée.


Le catalogue de l'exposition


Troisième édition du Week-end des Frac (WEFRAC), les 17 et 18 novembre 2018. Les 23 FRAC vous ouvrent leurs portes partout en France pour vous faire découvrir l’art d’aujourd’hui autrement !  WEFRAC 2018 crée la surprise. Le programme -->>


Camille Girard & Paul Brunet ont pris l’habitude de voler au paysage qui les entoure des détails insolites. Couple à la ville comme à la scène, le duo a fait depuis dix ans de son espace domestique le sujet de ses dessins, toujours réalisés d’après photographie. Diplômés de l’EESAB de Quimper en 2008, ces trentenaires héritiers de la pop culture pourraient passer leur vie à se/ nous raconter des histoires en mettant en scène le quotidien dans leur maison quimpéroise.
 

Pour cette exposition personnelle au Frac des Pays de la Loire, Camille Girard & Paul Brunet improvisent une fugue dans le Grand Ouest. Tous les dessins dévoilés ici sont inédits et issus d’explorations hors de l’atelier. Au Frac, Paul & Camille ont mis de côté la nostalgie de l’adolescence pour démasquer les joyeux «échos» (1) du monde. Aquarelles et lavis d’encre semblent tout droit sortis d’un carnet de bord dont les sujets empruntent aux genres de la nature morte, du fanzine ou de l’album de vacances.
 

Sans souci du bon ou du mauvais goût, les images jouent la surprise, à l’instar des « objets trouvés » surréalistes. Prélevées au bord des routes, dans les jardins d’amis ou sur le trajet d’un carnaval, ces «sculptures involontaires» (2) cultivent l’irrationnel. Des baguettes de pain assemblées à la verticale lors d’un barbecue entre amis aux visages énigmatiques formés par les talus des chemins, l’oeil s’intéresse au hors-champs, aux à-côtés qui enclenchent l’imaginaire. Si le corps humain est souvent convoqué dans ce «précipité de (…) désir» (3), sous forme de fragments ou de prothèses, c’est aussi une manière de le transformer en signe. Les smileys formés par les marques de ponctuations dans les SMS racontent à leur manière la mise en scène de la figure humaine avec les outils des nouvelles technologies. Les motifs surgissent alors sans prétexte et créent des espaces de respiration dans cet accrochage particulièrement fourni.

Pour ce nouvel ensemble, les artistes s’en vont battre le pavé et la campagne. C’est au rythme de la promenade qu’ils observent tout comme pour la première fois. Avec ingénuité, l’un pointe du doigt, l’autre réalise la prise de vue, avant de manier le pinceau à quatre mains. Suivant un mode opératoire précis, l’image photographique définit toujours le cadrage que le trait cherche à traduire sur papier. Entre la projection (camera obscura moderne) et la feuille scotchée au mur à la verticale, le duo orchestre une drôle de «gymnastique du corps» (4). Dans ce ballet à deux, chacun repasse après l’autre jusqu’à ce que l’image originelle soit retranscrite avec la plus grande fidélité. Prenant le contre-pied des connaisseurs qui regardent l’art « à distance raisonnable », les artistes multiplient les détails et invitent à observer le rendu d’un tapis, d’une peau ou d’un portable. Avec dextérité, les niveaux de gris viennent lisser les images, traiter le sujet avec la même précision que l’arrière-plan. Ce principe d’équivalence entre les choses infiltre les objets domestiques les plus matériels. Le service à café de ciment coloré incrusté de coquillages semble sorti à l’instant d’un de leurs dessins. Arrivé dans l’espace comme par magie, il en conserve la bi-dimensionnalité et le changement d’échelle. Il garde surtout la trace du regard porté sur le monde par deux flâneurs interloqués : un grand bric-à-brac aux allures de cabinet de curiosité.

Texte : Ilan Michel


Notes :

1- L’écho / Ce qui sépare, exposition collective de Bruno Peinado, au Frac des Pays de la Loire et à la Hab Galerie, Nantes, 2014, à laquelle les artistes étaient invités.

2- Pour reprendre le titre donné par Brassaï et Dalí à la série de photographies parues dans la revue Minotaure, Paris, n° 3-4, 1933.

3- « Toute épave à la portée de nos mains doit être considérée comme un précipité de notre désir », BRETON, André, « Exposition Surréaliste d’Objets », La semaine de Paris, 22-28 mai 1936, cit. in BRETON, André, Le surréalisme et la peinture, Paris, Gallimard, 1965, p. 283.

4- Entretien avec les artistes, le 27 juillet 2018


Camille Girard et Paul Brunet

Née en 1985 à Quimper, né en 1980 à Angoulême.

Ils sont diplômés de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Quimper en 2008. Depuis leurs diplômes, ils ont mis en commun leurs pratiques artistiques personnelles, pour un seul et même travail, ils co-réalisent et co-signent leurs œuvres. On peut résumer leur travail à celui du dessin, même si le dessin revêt pour eux de nombreuses possibilités et se prolonge dans d’autres formes : installations, volumes, performances. Après leur sortie des Beaux-Arts de Quimper, ils ont exposé leur travail en France, en Finlande et au Canada, lors d’expositions monographiques, collectives et de résidences. En 2013, ils étaient sélectionnés pour le 58ème Salon de Montrouge. Depuis 2014, ils sont membres actifs du collectif WOOP où ils invitent des artistes en résidence et organisent des expositions.


Site Internet des artistes

Documents d'artistes Bretagne :
ddab.org/Camille_GIRARD_et_Paul_BRUNET




Feuille de salle



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